Que
donnent à penser les résultats du 1er tour des régionales 2015 ?
A
- La droite et l'extrême-droite étendent leur influence.
Des élections
municipales (mars 2014), aux élections élections européennes (mai
2014) puis aux élections sénatoriales (septembre 2014)..., des
élections départementales (mars 2015), aux élections régionales
(décembre 2015), cinq scrutins se sont suivis, en moins de deux ans.
Tous
ont marqué, pour le parti socialiste, un recul brutal.
Des
taux d'abstentions record ont accompagné ces élections.
Jamais
dans l'histoire de la Ve République, l'abstention
n'avait atteint pareil niveau.
Le taux d'abstention,
au second tour des municipales, le 30 mars
2014, s'était déjà
élevé à 37,87% pour la France entière. C'est pourtant, avec les
présidentielles, l'élection où l'on vote le plus...
Aux
élections élections européennes, l'abstention avait culminé à
56,5%, le 25 mai 2014 !
Aux élections départementales, l'abstention a atteint
50,02% au second tour, le 29 mars.
Le
taux d'abstentions, au premier tour des élections
régionales, s'est élevé
à 50,09%...
En
clair, un électeur sur deux n'a plus voté.
Il
faut donc diviser par deux, pour le premier tour, les résultats
proclamés.
Pour
les élections régionales, il faudrait lire :
Inscrits :
100%
Abstentions :
49,91%
Blancs
(non exprimés) : 1,20% des inscrits
Nuls
(non exprimés) : 0,79% des inscrits
Non
exprimés et non-votants : 51,90%
Exprimés :
48 ,10%
FN :
14%
Droite
unie : 13,5%
PS :
11, 75%
Autres
listes : 8,85%
Méditons
ces nombres. Ils signifient que le tripartisme (FN, PS et
Républicains) semble installé, mais que ces trois partis, ensemble,
ne font pas même 40% des électeurs. Les cartes sont à rebattre.
Les modes de scrutin, en France, ont brouillé les cartes. Les
citoyens ne s'y retrouvent pas et désertent les bureaux de vote. Il
y a bien « grêve des urnes » ! Le « premier
parti de France », c'est enfin admis, même si on voudrait
continuer à n'en pas tenir compte, ce sont les non-votants.
Notre
habitude de ne compter que les suffrages exprimés, ceux des votants,
fausse non seulement les résultats, alors déformés etn mal
interprétés, mais aussi notre compréhension de ce qu'est le corps
électoral complet, le « souverain ».
Il
est temps de s'interroger sur les processus qui retardent ou
empêchent le vote des citoyens écœurés, déçus, révoltés, et
qui, constatant leur impuissance à changer quoi que ce soit à leur
propre vie, s'écartent de la vie publique.
Car
s'ajoutent à tous les non-votants, les non-inscrits et les
mal-inscrits.
Non-inscrits
et mal-inscrits (retirons
le mot : abstentionnistes) représentaient près de 9,5
millions de Français en 2012. Soit autant que de voix obtenues, en
2007, par le vainqueur de l'élection présidentielle : Nicolas
Sarkozy ! Une réserve de voix non négligeable qu’une réforme du
système permettrait sans doute de récupérer, en partie. En France,
pour voter, il faut franchir non pas une étape, mais deux :
participer au scrutin le jour de l’élection, mais aussi être
inscrit sur les listes électorales. L'inscription automatique
s'effectue une seule fois, à 18 ans. Les relances, contrôles,
appels, encouragements et suivis citoyens font ensuite défaut.
Simple
question administrative ? Non. A chaque élection, l’équivalent de
la population combinée de Paris, Lyon et Marseille, soit 7%
des Français en l’âge de voter, ne peuvent le faire parce
qu’ils ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Et
c’est sans compter les « mal-inscrits », soit un Français sur
quatre environ, inscrits à une adresse différente de leur adresse
actuelle et qui risquent d'e tomber dans l’abstention.
Et
c'est sans compter avec les habitants de notre pays qui, parfois
depuis fort longtemps, n'ont pas le droit de voter parce qu'étrangers
non communautaires ! Nous sommes l'un des pays où, en réalité le
corps électoral est incomplet. Et encore, si des étrangers
européens votent, aux élections européennes et municipales, cela
aura été sous la pression de l'Union européenne.
Le
droit de vote n'est toujours pas universel en France.
Jean-Pierre DACHEUX
Prochain article : La
volonté du peuple ne s'exprime pas totalement
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