La volonté du peuple ne s'exprime pas totalement
Autrement
dit, on connaît mal la volonté d'une très large partie du peuple
vivant en France, soit parce qu'elle n'a pas le souci de l'exprimer,
soit parce qu'elle se refuse, désormais, à l'exprimer, soit parce
qu'elle ne peut pas l'exprimer car non-inscrite, soit enfin parce
qu'elle est empêchée de l'exprimer car mal-inscrite !
Nous
sommes ainsi l'un des pays où l'on n'aide pas les citoyens à voter
et si des étrangers européens vivant en France, votent, aux
élections européennes et municipales, ce fut sous la pression de
l'Union européenne. Et c'est sans compter avec les habitants de
notre pays, qui y vivent, parfois depuis fort longtemps, et qui n'ont
pas le droit de voter parce qu'étrangers non communautaires ! La
citoyenneté de résidence doit impérativement s'ajouter à la
citoyenneté nationale.
Au
moment où la question de la légitimité des résultats électoraux
est reposée, puisque le nombre des non-votants et des empêchés de
voter est nettement supérieur au nombre des votants, assurer le
droit de vote de tous, devient une exigence démocratique
indispensable.
Il
est temps de remettre « les compteurs à zéro » sinon la
démocratie sera définitivement découplée de la votation.
Qu'est-ce
à dire ? Le mélange des modes de scrutin proportionnels et
majoritaires rendent illisibles les résultats. Les électeurs s'y
perdent. Une partie de l'opinion n'est pas représentée. On élimine
les petites formations politiques, ce qui ne leur permet pas de
croître après avoir fait leurs preuves. Même dans les scrutins
proportionnels (pour les européennes, les municipales et les
régionales), on fractionne le corps électoral en « zones »,
on compense le résultat avec des primes (de 50% au vainqueur dans
les communes, de 25% dans les régions...). Enfin, les listes sont
identifiées par le nom de la tête de liste, comme si elle seule
comptait : ce qui sent la pratique monarchique.
Les
médias n'informent qu'à propos des « grosses » équipes
politiques, des « grands » partis. On n'a que peu parlé
des listes qui ont obtenu de 5 ou 10 % des suffrages exprimés ou
moins encore. Au moment où l'on invite, à Paris, près de 200 chefs
d'État pour étudier et décider comment lutter contre le
réchauffement climatique, les écologistes n'auront guère été
entendus alors que ce sujet est au cœur de leurs préoccupations
depuis des dizaines d'années !
Et
si les non-votants avaient effectué un choix politique décisif ? Et
si, plus ou moins consciemment, ils étaient lanceurs d'alerte ?
Et si, même, une partie non négligeable des électeurs du Front
national, notamment ceux des milieux populaires venus de la gauche,
exaspérés, déçus, se sentant trahis faisaient la politique du
pire pour qu'enfin on pense à eux ?
Ce
serait alors le dernier avertissement. Il se peut que le second tour
des élections régionales corrige partiellement le premier et que la
pseudo-gauche se réjouisse parce qu'elle n'aurait pas tout perdu !
La plus déconfite pourrait être la droite pseudo-républicaine avec
un risque de déconvenue pour Sarkozy... (en clair rendre bien plus
difficile sa candidature en 2017). Quant au FN, il passera de rien à
quelque chose, ce qui devrait lui suffire, pour le moment.
Reste,
pour les autres familles politiques, à sortir du jeu pervers où les
alliances interdisent tout développement aux écologistes comme aux
« socialistes de gauche »
Jean-Pierre Dacheux
Prochain article : Penser
l'avenir politique et le préparer dès à présent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N'hésitez pas à poster un commentaire.