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lundi 11 février 2013

Biométrie, données personnelles et vie privée.




La biométrie est une technique qui permet d'établir l'identité d'une personne en mesurant une de ses caractéristiques physiques. En mesurant les caractéristiques physiques d'un individu, on collecte ses données personnelles, c'est à dire des éléments de sa vie privée, de son intimité.

Raymond Forni, qui fut Président de la CNIL, affirmait : « Face à ces dangers - ceux des risques d'atteinte aux données personnelles - nous devons conserver une attitude prudente et responsable ».
Il avait raison mais n'a pas été entendu.

Il est indispensable d'encadrer de façon absolue l'utilisation de la biométrie, de toutes les formes de biométrie.
Nous avons à réfléchir sur ces sujets qui mettent en cause jusqu'au fondement de nos civilisations et nous devons légiférer pour encadrer ces technologies. On ne peut pas considérer les données biométriques de chaque individu comme une marchandise commerciale en laissant la sphère économique faire à sa guise.
A ce jeu là, dans quelques temps, quelques années au plus, on glissera, à la naissance, sous la peau de nos enfant une puce avec son code ADN.
Bien sûr, face à ces développements, on entend le chant de sirènes qui susurrent :
« Mais, quel progrès ….. ainsi nous pourrions sauver plus de vie au urgence à l'hôpital ….. nous pourrions soigner les maladies héréditaires ... nous éviterions tous les crimes ... nous pourrions … , etc »
Ce que ne disent pas les sirènes, c'est que le « pouvoir » pourrait sans obstacle surveiller et soumettre l'ensemble de la société.

On distingue aujourd'hui deux catégories, la biométrie sécuritaire et la biométrie de confort.

En ce qui concerne la biométrie sécuritaire, il y a une différence essentielle, fondamentale pour les libertés, entre son utilisation en surveillance préventive et quotidienne des citoyens (sécurité policière) et son utilisation pour retrouver le coupable d'un crime (sécurité judiciaire).
L'idée d'utiliser la biométrie de manière préventive est dangereuse pour les libertés individuelles et collectives, Raymond Forni disait : « Dans une démocratie, je considère qu’il est nécessaire que subsiste un espace de possibilité de fraude. ….... J’ai toujours été partisan de préserver de minimum d’espace sans lequel il n’y a pas de véritable démocratie. » Nous ne pouvons que partager ces propos de bon sens et rejeter l'utilisation « a priori » de la biométrie qui installerait une société totalitaire et coercitive confisquant toutes les libertés.

En ce qui concerne la biométrie de confort, de quoi parle-t-on ? qu'est-ce que la biométrie de confort ?
- L'utilisation des empreintes palmaires pour accéder à une bibliothèque ou une cantine sous prétexte de ne pas perdre sa carte individuelle ; belle avancée éducative, mais aussi beau rendement financier pour les installateurs et la maintenance.
- C'est faire démarrer son automobile ou son ordinateur grâce à son empreinte digitale ?
- C'est demander à un société américaine de comparer son ADN avec celui de son petit dernier ?
Les exemples sont innombrables …
Et à bien y regarder, il s'agit d'une biométrie de confort « sécuritaire » : droit/interdiction d'entrée, droit/interdiction de faire démarrer une voiture, un ordinateur, certitude sur sa paternité.
Idées singulières du confort, en l'occurrence, il semble surtout que le confort est seulement celui des industriels et des financiers.

Il y a une notion fondamentale des droits de l'homme, trop souvent négligée, qui est que à chaque droit individuel correspond le droit individuel de l'autre. D'ailleurs, l'article 29 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948 le confirme : « L'individu a des devoirs envers la communauté ….. »
Puisse que l'individu a des devoirs envers la communauté ….. la communauté a des devoirs envers l'individu ... en conséquence, le modèle économique dominant devrait se préoccuper des droits des hommes, du respect de leurs données personnelles et de leur vie privée. Pourtant son crédo, avec l'appui des gouvernements, est trop souvent la recherche de profits rapides et faciles.
C'est un danger pour les libertés et les droits fondamentaux.


Nous ne devons pas nous rendre complices des agissements de ce système économique inégalitaire et liberticide qu'il est indispensable et urgent de dénoncer et de combattre avec force.
Ces systèmes, qu'avec notre passivité partagée, la société met, aujourd'hui, en place, ne laissent pas ce minimum d'espace nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

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