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mardi 4 août 2009

4 Août 1789 - 4 Août 2009

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En cette journée du 4 août 2009, revenons sur l'histoire.

Exactement il y a 220 ans, pendant la nuit du 4 au 5 août 1789.

Après la prise de la bastille le 14 juillet, la crainte d'une réaction de la noblesse entraîne une vague de révoltes dans la campagne française. Des paysans s'en prennent aux seigneurs, à leurs biens et à leurs archives.

Devant l’agitation, le 3 août, le duc d'Aguillon - deuxième fortune du royaume derrière le roi Louis XVI - lance l'idée de l'abolition des droits seigneuriaux. Il dit : " Le peuple cherche à secouer enfin le joug qui depuis tant de siècles pèse sur sa tête .... L'insurrection trouve son excuse dans les vexations dont il est la victime."

Le lendemain soir, le vicomte de Noailles propose à l'Assemblée Nationale de supprimer les privilèges pour ramener le calme dans les provinces. Le duc d'Aguillon propose l'égalité de tous devant l'impôt, le rachat des droits féodaux et l'Assemblée Nationale, après six heures de discussion, proclame l'abolition de tous les droits et privilèges féodaux, abattant du même coup tous les cadres sociaux de l'Ancien Régime, l'égalité devant la Loi devenant la règle.

Quelques jours plus tard, le 26 août, l'Assemblée Nationale tirera la conséquence de cette abolition en préparant la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

Pourtant, aujourd'hui, cette égalité est encore au centre de tous les débats politiques nationaux et, encore plus, mondiaux.

Les exemples sont très nombreux, proches de nous, où le principe d'égalité est bafoué. Le plus criant est l'inégalité femme/homme fondée sur aucune vérité, sinon celle de l'arrogance masculine.

Les crises financières, sociales et écologiques qui se superposent créent des précipices inégalitaires entre les individus.

En ce qui concerne notre pays, le président de la République a été très clair dans son discours prononcé à Saint Quentin le 24 mars 2009 :"... Nos valeurs c'est le respect, la responsabilité, la justice, et la liberté..." a-t-il dit, sans citer l'égalité et la fraternité qui sont pourtant au fronton de nos édifices publics.

Il a ensuite poursuivi : " ... Je veux dire qu'il est légitime que ceux qui créent des richesses, qui créent des emplois, qui créent des entreprises gagnent de l'argent. Je souhaite même pour eux beaucoup d'argent. Il ne faut décourager l'esprit d'entreprendre. Elle est un moteur, depuis l'origine de l'humanité. Il ne faut pas pénaliser la réussite. Il ne faut pas tuer le goût du risque. L'égalitarisme, c'est le contraire de la justice. L’égalitarisme c'est le nivellement par le bas. Une société égalitaire c'est le contraire d'une société de liberté et de responsabilité..."

Le président emploie, d'ailleurs, le terme "égalitarisme". Lui, ou son rédacteur, n’ont pas lu le philosophe Karl Popper qui dans son ouvrage "la société ouverte et ses ennemis" défini l'égalitarisme comme le fondement de la méritocratie chère à notre président, lequel continue ensuite : " l'éthique du capitalisme, ce doit être une éthique de responsabilité, une éthique de l'effort, une éthique de l'honnêteté."

Nous sommes bien là dans une posture libérale de type anglo-saxon qui ne pas fait sienne les valeurs de solidarité et de fraternité, niant, de ce fait, le principe d'égalité voulu par nos illustres ancêtres.

Selon la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, les hommes naissent libres et égaux en droit, pourtant les différences d'origine, de niveau d'éducation, de sexe, d'âge, de couleur de peau, d'apparences physiques, de religions sont facteurs d'inégalités économiques - rémunérations, chômage...

Pour certains, les inégalités sociales sont tout à fait acceptables et il n'est pas nécessaire de les corriger sous prétexte d'uniformisation, de nivellement par le bas.

Pour d'autres, et c'est mon cas, les inégalités sociales sont la conséquence de la domination économique, politique et sociale du capitalisme.


Au nom de la justice et de la fraternité, elles doivent être corrigées et réduites le plus possible.

Depuis le 4 août 1789, 220 ans sont passés !

Ne désespérons pas, continuons notre lutte, même si le chemin nous semble encore long pour y arriver.


Jean-Claude Vitran


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