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mardi 27 mai 2025

LA CLAQUE - THE SLAP

 

D'ailleurs, est-ce vraiment une claque ?

Je ne vais pas vous entretenir de cette (peut-être) claque de Brigitte Macron à l'encontre d'Emmanuel qui si on en croit les médias (français) est devenue un événement planétaire.

Non, c'est plutôt le contraire !

Je veux vous faire partager mon courroux ...

Pour la majorité des chaines d'information, il n'y en avait que pour ce non-événement du domaine privé qui, d'ailleurs, ne nous regarde pas.

Toute la journée d'hier, elles ont organisé de nombreux longs débats « d'experts » pour autopsier le problème et soupeser ses possibles conséquences.

Les malheureux martyrs des conflits de Gaza et d'Ukraine, la grève des taxis, la loi Duplomb, et d'autres importantes informations sont devenus des événements sans intérêt qui peuvent attendre ….

Les championnes de la dissection des futilités journalières sont les chaines en continu … 

Il faut bien meubler, alors, tout est bon, mais trop c'est trop !

Stop aux insignifiances, un peu de sérieux.

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Besides, is it really a slap?

I'm not going to talk to you about this (perhaps) slap from Brigitte Macron against Emmanuel which, if we are to believe the (French) media, has become a global event.

No, it's quite the opposite!

I want to share my anger with you...

For most news channels, there was only this non-event in the private domain which, moreover, does not concern us.

All day yesterday, they held numerous long "expert" debates to dissect the problem and weigh its possible consequences.

The unfortunate martyrs of the Gaza and Ukraine conflicts, the taxi strike, the Duplomb law, and other important news have become trivial events that can wait...

The champions of dissecting daily trivialities are the continuous channels...

You have to furnish it properly, so everything is good, but too much is too much!

Enough with the trivialities, let's get serious.


Jean-Claude Vitran


lundi 19 mai 2025

FIN DE VIE


Avant d'aborder le thème de ce billet, il me semble nécessaire d'apporter quelques précisions sur les différents actes dont il est question.


Soins  palliatifs

Il s’agit de soins actifs délivrés aux personnes atteintes d’une maladie grave, évolutive ou terminale. Leur objectif est de soulager les douleurs physiques et les souffrances psychique, sociale ou spirituelle.


Euthanasie

C’est un acte destiné à mettre délibérément fin, à sa demande, à la vie d’une personne atteinte d’une maladie grave et incurable dans le but de faire cesser une situation qu’elle juge insupportable.


Assistance au suicide

Cela consiste à donner les moyens à une personne de se suicider elle-même en absorbant un produit létal qui lui a été préalablement fourni.


Suicide assisté

Dans le cas du suicide assisté, la personne qui veut se suicider mais qui n’en est pas physiquement capable, a besoin de l’action d’un tiers. La différence avec l’euthanasie est ténue, 


Aide active à mourir

L’euthanasie et l’assistance au suicide peuvent être considérées comme des aides actives à mourir. 


Sédation profonde et continue jusqu’au décès

C’est une mesure qui consiste à endormir de façon irréversible et arrêter d’alimenter et d’hydrater artificiellement un malade incurable en fin de vie. Elle est déjà autorisée pour les malades en phase terminale et en très grande souffrance dont la vie est menacée à court terme.

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Les différents sondages d'opinion vont tous dans le même sens, plus de neuf Français sur dix sont favorables à une évolution de la loi qui permettrait de pratiquer l'euthanasie lorsque le malade, atteint d’une maladie insupportable et incurable, en formule la demande. Les pourcentages sont identiques en ce qui concerne le recours au suicide assisté et 74 % des médecins jugent souhaitable que la France légalise l'aide médicale active à mourir pour les patients qui la demandent expressément et de manière réitérée.

Cependant, si 90 % des personnes en bonne santé se disent favorables à l'accès à l'euthanasie, seules 0,3 % des personnes gravement malades persistent dans une telle demande quand elles sont accompagnées, soulagées, soutenues. 

Si le Président de la République n'avait pas pris la décision de dissoudre l'Assemblée Nationale la France serait doté d'une loi sur la fin de vie puisque le vote était prévu dans la semaine suivant la dissolution de l'Assemblée Nationale le 9 juin 2024.

Cette décision arbitraire d'Emmanuel Macron a eu des conséquences tragiques pour certains malades qui attendaient impatiemment le vote afin d'abréger leurs souffrances. 1

Près de neuf mois après cet arrêt brutal, l'Assemblée Nationale se penche à nouveau sur le sujet, et le texte initial de 2024 a été scindé en deux propositions par la volonté du Premier ministre François Bayrou. Je reviendrai sur ce point à la fin de ce billet.

Un premier texte  qui concernera les soins palliatifs et d’accompagnement. Au passage, il faut noter qu'une vingtaine de départements sont encore dépourvus d’une unité de soins palliatifs.

Le second texteI instaure un droit à l’aide à mourir permettant aux malades souffrant d’une affection grave et incurable engageant le pronostic vital, en phase avancée ou terminale et ne supportant plus leurs souffrances, de recevoir ou de s’administrer une substance létale.

En commission les députés ont décidé que le malade aurait le choix entre faire le geste lui-même (suicide assisté) ou de recourir à un soignant (euthanasie). 

Alors qu'en juin 2024, l'ensemble des députés étaient d'accord pour adopter le texte, la nouvelle Assemblée est plus divisée et le second texte fait débat surtout chez les conservateurs de droite et d'extrême droite.

Dans notre pays, la fin de vie est la période où une personne souffre d'une maladie grave, incurable dont le pronostic vital est engagé. À ce stade, l'objectif médical n'est plus de guérir, mais de soulager les douleurs de la personne en respectant ses volontés jusqu'à la la fin. Les soins palliatifs qui visent à soulager la douleur et la souffrance physique et psychologique, en respectant la dignité du patient, permettent au corps médical de remplir cette mission.

Dans le respect des lois de la nature, la mort est un événement naturel : on naît, donc on meurt, mais ce passage d'un état à un autre nous oblige à aborder plusieurs questions fondamentales, particulièrement celles de la dignité, de la liberté, de la responsabilité, et du sens de la mort.

Comme pour toute notre vie - de notre naissance à notre mort - la notion de dignité donc de mourir dans la dignité est centrale dans le discours philosophique et éthique et la fin de vie doit être accompagnée d’un respect inconditionnel de la personne humaine, en évitant de voir ce moment seulement à l'aune d'un texte législatif.

De plus, nous sommes tous singuliers avec une histoire, une expérience humaine unique et notre fin de vie ne peut pas être réduite à une simple question médicale, mais doit être abordée comme une problématique éthique, existentielle et morale, en préservant la dignité, la liberté et la compassion dans le respect de l’humanisme mais aussi de l'environnement familial.

Si le suicide assisté dont la prise de décision est personnelle et de la responsabilité et de la liberté de chaque individu semble poser peu de problèmes éthiques, en dehors, bien entendu des questions de croyance, l'euthanasie pose des questions plus complexes car elle n'est pas seulement du domaine individuel puisqu'elle requiert l'acte d'un tiers.


Ce tiers fait "mourir" or nos sociétés ont le respect de l'interdit du meurtre comme principe éthique fondamental et ont aboli la peine de mort et il sera, donc, fondamental que la responsabilité de cette pratique soit diluée par une décision collective élargie.


En ce qui me concerne, je ne comprends pas et ne partage pas les idéologies et les croyances qui ne veulent pas d'interventions humaines pour atténuer et soulager les souffrances de la fin de vie. 

Grâce aux progrès de la médecine nous savons aujourd'hui calmer en partie les douleurs de l'agonie et l'élévation du niveau culturel de nos sociétés a fait tomber de nombreux tabous qui empêchaient des interventions humaines pour abréger les supplices de la fin de vie. 

Aussi, comme la majorité de mes compatriotes, je pense que, dans le respect de la stricte dignité humaine et des libertés individuelles, les lois, actuellement, en discussion à l'Assemblée Nationale et ensuite au Sénat doivent être votées et promulguées rapidement.

Pour terminer ce billet, je voudrais rappeler à nos élus un grand principe qui devrait guider leurs actions comme ministres et aussi les votes à l'Assemblée Nationale et au Sénat.

L'année dernière, la discussion parlementaire portait sur un seul texte de loi.

Cette année, François Bayrou, Premier ministre, a décidé de proposer au Parlement deux textes de loi.

Pourquoi ?

Simplement, parce qu'il n'est pas d'accord avec la seconde loi sur l'aide à mourir et qu'il espère qu'elle sera repoussée par les parlementaires. Il n'est, d'ailleurs, pas tout seul, les conservateurs, Bruno Retailleau en tête, lui emboitent le pas. 2 

Je voudrais leur rappeler, ou leur apprendre, le principe philosophique développé par John Rawls le voile d'ignorance

Je voudrais, aussi, leur rappeler que la Constitution de 1958 affirme à la fin de son second article le postulat fondamental suivant : gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple.

Le voile d'ignorance consiste à se placer dans une "position originelle" où les individus, derrière un voile d'ignorance, ignorent leur propre situation sociale, économique, leurs talents, leur sexe, leur race, ou leurs préférences personnelles. En étant dans cette position, ils doivent choisir des principes de justice sans connaître leur propre avenir dans la société.

L'objectif est de garantir l'impartialité dans la définition des règles sociales, en évitant que les décisions soient influencées par des intérêts personnels ou des préjugés. Cela permet de concevoir des principes universels qui bénéficieraient à tous, notamment aux plus vulnérables.

Le voile d'ignorance est un outil de réflexion qui invite à concevoir une société juste en se détachant des intérêts particuliers, en se mettant à la place de tous, pour déterminer des règles équitables et universelles.

Je crois que lorsqu'on est un représentant du peuple on se doit de gouverner avec le voile d'ignorance devant les yeux.


Jean-Claude Vitran


1.  Voir le billet du 12 juin 2024

2    On nous a déjà fait un coup similaire en 2005

vendredi 9 mai 2025

GAZA, NON A L'INDIFFERENCE

 Nous sommes au lendemain du 8 mai où la France a commémoré le 80ème anniversaire de la victoire de 1945.

A juste titre, on a glorifié les héros, on a distribué des médailles, on a rallumé la flamme de l'Arc de triomphe de Paris, mais on a oublié les 60 millions de victimes que fit le conflit – 40 millions de civils et 20 millions de militaires.

Encore qu'il s'agit d'une estimation basse, car certains historiens évaluent les pertes humaines à 85 millions. 

Depuis mai 1945, l'humanité a connu plus de 120 conflits importants1 qui ont continué et continuent, au moment où j’écris ce billet, à faire dans l'indifférence générale des millions de morts - enfants, femmes et hommes qui n'ont rien demandé sinon de vivre.

Installés dans le confort de nos canapés, nous regardons, d'un œil distrait, dans la lucarne médiatique les bombes tombées sur Gaza, Kiev, le Soudan ou le Cachemire ... comme s'il s'agissait d'un jeu vidéo.

Personnellement, j'ai la nausée devant les images de Gaza où sans discernement on balance des bombes sur des civils, pauvres otages d'un odieux conflit – 15 000 enfants sont déjà victimes de ce que, je crois, on peut appeler un génocide.

On ne peut pas rester insensible à ces monstruosités, c'est pour cette raison que je publie sur mon blog cet appel de l'Association France Palestine Solidarité (AFPS)

Jean-Claude Vitran


Impunité totale : Israël toujours plus loin dans le génocide et sa volonté d'effacement du peuple palestinien.

Après avoir rétabli un blocus total le 2 mars et rompu le cesse- le-feu le 19, après avoir annoncé le partage de la bande de Gaza en cinq zones encadrées par des zones militaires, Israël a annoncé le 5 mai un « plan de conquête  » de la bande de Gaza et rappelé des dizaines de milliers de réservistes. Avec pour objectif le « départ volontaire des Gazaouis  », en clair un nettoyage ethnique, une aggravation du génocide en cours et une occupation complète et prolongée de la bande de Gaza.

Pour le ministre des armées Israël Katz, les Gazaouis n’ont d’autre choix que « partir ou mourir ». D’octobre 2023 à juin 2024, Amnesty International avait déjà recensé 102 appels criminels de ce genre à la destruction d’un peuple émanant de responsables israéliens. Les Palestiniens savent depuis l’exode forcé de 1948 que partir c’est ne jamais pouvoir revenir dans leur patrie. C’est le cas de 70% des Gazaouis réfugiés dans des camps depuis cette Nakba.

Ce nouveau plan israélien est celui qui se dessinait dès le 8 octobre. Il piétine le droit international, le droit humanitaire, les Conventions de Genève et la Convention contre le génocide. Le 5 mai, l’Union européenne se dit préoccupée, Berlin rejette ce plan, Paris finit par réagir. Mais aucun État européen n’annonce de mesures diplomatiques (rappel d’ambassadeurs…), économiques (interdiction du commerce des produits venant des colonies…). Aucun ne demande de suspendre l’accord d’association UE-Israël en vertu de son article 2 bafoué par Israël ou d’exclure Israël d’autres partenariats comme cela a été appliqué à la Russie dès son agression contre l’Ukraine.

La seule réponse de la France sous la forme d’une reconnaissance très tardive et conditionnelle de l’État de Palestine est en décalage complet avec l’urgence absolue de protéger le peuple palestinien en grand péril.

Bien que le « bilan » soit déjà terrible et aurait dû leur suffire depuis longtemps pour agir et sanctionner, une bonne partie du monde politique, médiatique, intellectuel… refuse encore de nommer le crime, refuse d’utiliser le terme génocide et même « génocide plausible » comme a conclu la Cour Internationale de Justice (CIJ) dès le 26 janvier 2024… il y a plus de 16 mois. D’autres sont dans l’indifférence complice, dans la cécité volontaire ou le soutien ouvert et assumé au génocide !

Bien que les grandes ONG de terrain et les agences de l’ONU rapportent et alertent le monde entier sur ce génocide largement aggravé et avéré, aucune sanction n’est évoquée ou envisagée. Dix-neuf mois après l’attaque criminelle et meurtrière des groupes armés palestiniens le 7 octobre en Israël ayant fait 1200 morts, et la prise de 250 otages, les tirs et bombardements israéliens ont tué au moins 53 000 personnes dans la bande de Gaza dont 17 000 enfants, des dizaines de milliers de malades chroniques sont morts faute de soins, des milliers de victimes encore sous les décombres. Au total 200 000 morts selon des experts médicaux. À l’échelle de la population française, 34 fois plus nombreuse, ce serait 1,8 millions de tués dont plus de 578 000 enfants. Effroyable, monstrueux !

Combien faut-il encore de dizaines ou de centaines de milliers de personnes tuées pour agir et prendre des sanctions : 300 000 ? Plus ? 40 000, 100 000 enfants ?

Combien faut-il encore de quartiers, hôpitaux, tentes, distributions alimentaires bombardées, de centaines de soignants, humanitaires (400) et journalistes (212) assassinés ?

En Cisjordanie occupée, dont Jérusalem-Est, le nettoyage ethnique et la violence de l’armée et des colons sont décuplés : plus de 1000 tués, expulsion de 40 000 personnes de camps de réfugiés, récoltes et vergers détruits, villages rasés, habitations détruites, bombardements, plus de 10 000 prisonniers politiques dans des prisons transformées en centres de torture : Israël y reproduit la stratégie en cours à Gaza.

Josep Borrell, ancien haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères plaide le 29 avril pour le retour urgent au droit international, le recours aux leviers d’action contre Israël, et le refus du « fait accompli  ». L’Assemblée générale des Nations unies a aussi exigé le 18 septembre 2024 qu’Israël mette fin dans un délais de 12 mois à l’occupation illégale du territoire palestinien et à sa colonisation, un crime de guerre. C’est précisément le contraire que fait Israël : toujours plus loin dans l’occupation, dans la colonisation, dans l’annexion de territoire et dans son régime d’apartheid.

À quelques jours du 15 mai, jour de la commémoration de la Nakba, la catastrophe qui a vu 800 000 Palestinien·nes chassé·es et dépossédé·es de leurs terres entre 1947 et 1949, après plus de 77 ans de dépossession et d’expulsion, la Nakba continue et arrive à un paroxysme : c’est l’existence même du peuple palestinien qui est menacée, c’est son effacement qu’Israël vise par son génocide.

L’heure n’est donc plus aux paroles ou aux déclarations d’intention mais définitivement aux actes, aux sanctions contre un État génocidaire à qui le monde doit imposer le droit face à la faillite totale dont il se rend coupable jusqu’à maintenant.

L’heure est aux sanctions contre les criminels et pas contre celles et ceux qui dénoncent ce génocide en cours et ont l’impression de hurler dans le désert depuis plus de 19 mois !

C’est notre humanité à toutes et tous qui est en jeu : soit nous réagissons, soit nous sombrons !

La France et l’UE doivent agir, fortement et rapidement !

Les sanctions c’est maintenant !

Anne Tuaillon, Présidente de l’Association France Palestine Solidarité


Association France Palestine Solidarité

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1 Conflit depuis 1945 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_guerres_contemporaines