Alors
que l'hiver approche, cette année, comme l'année dernière, il n’y
a plus d’oiseaux dans mon jardin.
D'aucuns diront : quelle importance !
Je
m'en excuse cher lecteur, mais cette question là me semble autrement
importante pour nous tous que les pérégrinations de Macron à
Tourcoing et à Abu Dhabi ou les échanges effervescents entre
Médiapart et le Canard.
D'ailleurs,
et ceci explique peut-être cela, il n'y a plus d'insectes non plus
dans mon jardin. Je n'ai, pourtant, jamais utilisé de glyphosate1,
de Roundup pour être plus clair.
Il
n’y a plus d’oiseaux dans mon jardin.
Il
paraît que je ne suis pas seul à faire ce constat car c'est
l'ensemble de notre planète qui perd, très rapidement, ses oiseaux,
ses insectes, ses grenouilles, ses coraux, ses glaciers ... bientôt
ses hommes
Depuis
toujours, quand vient l'automne et le froid, j'installe des
mangeoires, mais depuis quelques mois le nombre d'usagers a diminué, et
maintenant ils ne viennent pratiquement plus. Déjà depuis quelques
années peu de martinets et plus du tout d'hirondelles, il reste
encore la visite épisodique d'un merle, de quelques corbeaux et
quelques pies, d'un rouge-gorge solitaire, mais plus aucun moineaux
domestiques qui, après leur repas, venaient en bande joyeuse se baigner dans la mare.
Même les mésanges me boudent.
Cette
désertion s'est faite rapidement et elle s'est accélérée depuis
trois ans.
Imaginez,
un instant, la vie des nos descendants dans un univers sans oiseaux,
sans leurs chants du matin ou du crépuscule, quelle tristesse !
Je
suis allé sur le web pour me renseigner et, désespéré, j'ai lu
que la
sixième extinction massive de la biodiversité est bien en marche et
qu'en seulement 30 ans, 421
millions d'oiseaux
ont disparu, non pas sur Terre mais seulement en Europe !
Environ 90 % de ces pertes proviennent des 36 espèces les plus
communes et les plus répandues, comme les moineaux domestiques, les alouettes, les perdrix grises et les étourneaux. Selon les spécialistes "le
déclin global de la biodiversité est sans précédent"
(dans l'histoire de l'humanité) et l'étude rapporte que les petits
oiseaux déclinent plus vite que les grands et que les espèces les
plus communes sont les plus touchées, avec des baisses de population
considérables et rapides.
Ce
qui est extraordinaire, mais surtout désespérant, c'est que cela
n'a pas l'air d’inquiéter mes contemporains qui, lorsque j'en parle, se détournent en
haussant les épaules : « encore une élucubration du
vieux gâteux ».
Il
y a pire, c'est que chacun des gouvernants y va de son couplet
alarmant. Hier encore, Emmanuel Macron qui prenait la parole à Bonn
dans le cadre de la COP 23 a affirmé que "Le seuil de
l'irréversible a été franchi". Affirmer
cela est particulièrement grave, car cela semble vouloir dire qu'il
est déjà trop tard. Mais non, ça doit pas être si grave, car aussitôt descendu de la tribune,
rattrapés et téléguidés par les lobbys industrio-financiers,
l'ensemble des gouvernants se contredisent et pratiquent le double langage : blanc
à l'extérieur, noir à l'intérieur.
En
2002 à Johannesburg, Jacques Chirac avait dit « qu'il y
avait le feu à la maison », pourtant fin 2017, l'incendie fait toujours rage avec toujours plus de
vigueur.
Pour
en revenir aux oiseaux, sujet de ce blog, selon Richard Inger2
: "la perte importante des oiseaux communs pourrait être
très préjudiciable à la société humaine" et mettrait en
péril l'avenir de l'humanité étroitement dépendante des
ressources de la nature.
En
effet, ces oiseaux, comme tous les êtres vivants, sont des éléments
importants et incontournables des écosystèmes : ils régulent
les ravageurs en contrôlant leur prolifération, ils disséminent
les graines des fruits et participent, ainsi, à la reproduction des
végétaux et certains d'entre eux jouent un rôle important dans
l'élimination des charognes dans l'environnement.
Cependant,
ils ne sont pas seuls concernés par une extinction massive dont nous
sommes tous responsables et qui met en péril l'avenir de
l'humanité.
L'évaluation
de quelque 6 000 espèces révèle que 44% de tous les mollusques
d'eau douce, 37% des poissons d'eau douce, 23% des amphibiens, 20%
d'une sélection de mollusques terrestres, 19% des reptiles, 15% des
mammifères et des libellules, 13% des oiseaux, 11% des coléoptères
saproxyliques, 9% des papillons et 467 espèces de plantes
vasculaires sont menacées.
Le
Commissaire européen à l'Environnement, Janez Potočnik, affime :
« Le
bien-être des Européens et des hommes du monde entier dépend des
biens et des services que fournit la nature. Si nous ne traitons pas
les causes qui provoquent ce déclin et que nous n'agissons pas
d'urgence pour y mettre fin, nous pourrions payer le prix fort.
»
Emmanuel
Macron vient d'en faire le constat, qu'attend-il pour prendre la tête
de la nouvelle croisade ?
Jean-Claude
VITRAN
1 Il
se consomme 700 000 tonnes de glyphosate dans le monde dont 8000
tonnes en France. Il n'y a pas que le Roundup qui soit en cause,
mais aussi 750 produits fabriqués par 90 firmes dans 20 pays. Il
n'est pas seulement utilisé comme désherbant, mais aussi comme
accélérateur de maturité pour les céréales, les légumes, les
fruits … C'est un cancérogène probable, il agit sur l'ADN
humain, principalement chez les femmes enceintes et il est avéré
que c'est un tueur d'abeilles.
2 Chercheur à
l'institut pour l'environnement et le développement durable à
l'université d'Exeter - Royaume-Uni
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