Tous contents : les employés
de chez Dassault, le Président de la république et le Ministre des
armées, les partis politiques soutiens du Gouvernement et même ceux
qui lui sont opposés (ils auraient fait mieux, toutefois,
disent-ils...). Bref, bonne nouvelle pour la France, parmi les toutes
premières nations vendeuses d'armes au monde : nos machines
volantes, porteuses de mort, les Rafales, se vendent bien, enfin !
À qui vend-on ces bombardiers
sophistiqués ? À des pays qui sont, bien sûr, dans des zones
de conflits : l'Inde face au Pakistan, l'Égypte face à la
Lybie, Le Qatar et ses alliés face à l'Iran. Ne jamais oublier que
l'Inde et le Pakistan, deux États dotés d'armes nucléaires
s’opposent en permanence. On doit retenir que l'Égypte, située
entre Israël, et la Lybie, face à l'Arabie saoudite, et avec le
Soudan au sud, est revenue à la dictature. Quant
au Qatar, c'est un État esclavagiste richissime, qui achète tout ce
qu'il peut, et pas seulement le PSG. Pays sunnite et antichiite, qui
fait partie, avec le Koweit et l'Arabie saoudite, de la coalition
arabe, dirigée par Ryad, il est engagé dans la lutte contre les
Houtis au Yémen. Et c'est là, dans ces pays sous tension, que vont
atterrir les Rafales fabriqués chez Dassault !
On se permet de rappeler à
l'Indonésie que la France et toute l'Europe sont hostiles à la
peine de mort qui frappe des individus et, dans le même temps, on
vend des appareils qui tueront des civils autant que des soldats, par
milliers parfois, ou beaucoup plus !
Notre coopération militaire avec
des pays qui bafouent la démocratie ou qui ne veulent pas en
entendre parler (et notamment au Moyen-Orient) est une faute
politique autant que morale. Pour faire la guerre, il faut des
armes ; qui fournit les armes veut la guerre. La France, notre
France veut et fait la guerre.
Notre pays engagé dans des conflits africains où la plupart des États membres de l'Union européenne ne veulent pas entrer, se veut une grande puissance, ce qu'elle n'est plus. On a beau diminuer les crédits publics, sauf pour l'armée, les matériels s'usent et les soldats s'épuisent dans une dispersion militairement inefficace.
À cela s'ajoutent des soupçons
de « bavures » qui salissent, en République Centrafricaine, non seulement des soldats français accusés de
viol, (et,
apprend-on, d'autres encore...) mais la France elle-même, ainsi que
l'ONU, au nom de qui l'action de « protection et de sécurité »
était censée être menée !
Des questions philosophiques
autant que politiques, majeures, dès lors, se posent. Où est la
source de la violence en Afrique ? À qui revient-il de s'y opposer ?
Sans aucun doute aux Africains eux-mêmes.
Faire des affaires et obtenir des succès industriels et commerciaux
se justifie-t-il, en toutes circonstances, notamment quand il s'agit
de fabriquer et vendre des armes comme jamais on n'en a fabriqué
dans le passé ? La France reste-t-elle ce qu'elle prétend
être, le pays des droits de l'homme, quand elle se livre à de
pareilles opérations où la logique libérale l'emporte sur toute
autre considération ?
Il faut aussi rappeler qu'une
activité industrielle n'est pas bonne en elle-même parce qu'elle
fournit des emplois. Les syndicats qui se réjouissent de la dernière
vente d'avions au Qatar font une analyse à courte vue ? Car -
il faut oser ce raccourci - on ne défend pas les intérêts des
salariés quand on produit de quoi donner la mort. Les entreprises
qui fournissent ce qui nuit au genre humain ne sont pas justifiées
parce qu'elles procurent de l'emploi et des salaires. Et ce ne vaut
pas que pour l'industrie d'armement. Le profit ne suffit pas à tout
rendre acceptable !
« L’armement made in
France ? Il se porte bien, merci pour lui. Selon les chiffres -
encore provisoires - publiés lundi 9 février par la Direction
générale de l’armement (DGA), les ventes françaises de matériel
militaire ont atteint 8,06 milliards d’euros en 2014, soit une
progression de 17,3% par rapport à 2013 », lit-on
dans le périodique Challenges1.
Nombre
de nos concitoyens constatent, impuissants, que leur pays fournit de
quoi s'entretuer sans que cela trouble exagérément les
consciences !
Eh bien, non seulement cela trouble la nôtre, mais cela nous
scandalise. Heureux les pays qui n'ont pas les moyens industriels de
contribuer à propager la guerre. L'avenir de l'humanité ne passe
pas par le déploiement de ces moyens d'action-là, faussement
associés à la sécurité dans le monde. Ce n'est qu'après une
guerre, hélas, que retentissent alors les voix des pacifiques.
Qu'attend-on ? Que tombe sur nous, une catastrophe
internationale, nucléaire ou pas, qui nous fera pleurer nos morts et
manifester notre solidarité ? Mieux vaudrait, à l'avance, ne
pas entrer dans ces engrenages fatals.
« Le
duo Hollande-Le Drian est le meilleur qu’ait connu la France pour
les ventes d’armes depuis des lustres",
assurait, fin 2014, un patron du secteur, pourtant peu suspect de
sympathie socialiste »2.
Il faut dire qu'un socialiste militariste est socialiste autant qu'un
Pape croyant est athée ... Parmi toutes les causes de ruptures avec
le gouvernement actuel de la France, celle-ci, (le succès d'une
entreprise privée, productrice d'avions de guerre, ayant le Chef de
l'État lui-même pour agent commercial) suffit à nous détourner
d'une politique qui engendre la haine des peuples. Deviendront pour
longtemps nos ennemis ceux qui subiront les suites de cette livraison
d'un matériel fait pour larguer bombes et ogives sur tous les êtres
vivants, civils ou non. Les peuples victimes
sauront qui a fourni ces engins effroyablement efficaces et nous
aurons alimenté les désirs fous de vengeance, prenant ainsi notre
part dans le développement du terrorisme.
1 http://www.challenges.fr/entreprise/20150209.CHA2919/l-insolente-sante-de-l-armement-made-in-france-a-l-exportation.html
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