Le réel
est complexe mais les choix sont simples.
Il n'est rien, absolument rien, de plus utile et urgent que de concevoir et proposer de quoi donner aux humains des raisons de vivre. La haute technologie n'est pas autonome et passe désormais après les orientations et les résolutions philosophiques dont dépend l'avenir de l'humanité.
Car les raisons de la désespérance surabondent mais, parmi elles, vu de France, il en est plusieurs qui sont prioritaires. Exposées, elles apparaissent insurmontables, mais il n'est pas supportable de penser que la fin du monde est venue à nos portes. Prendre en compte la situation des humains à naître oriente nos pensées.
Les
menaces sur l'humanité, dans le désordre, - car elles ne se
hiérarchisent pas et chacune peut déclencher le pire -, me semblent
les suivantes :
•
La non prise en considération des génocides du XXe siècle,
dont les causes n'ont pas été explorées profondément, et
notamment celui du Rwanda, qui affecte toute l'Afrique et nous avec,
qu'on commémore, au lieu d'en pourchasser l'origine historique,
politique, intellectuelle et « religieuse ».
•
Le rôle prédominant des USA qui n'ont cessé, au nom de la lutte
contre le terrorisme, de s'écarter de leurs propres principes, qui
ont organisé une guerre secrète qui s'est étalée sur toute
l'étendue du globe, qui a restauré le droit à la torture, et qui a
justifié l'usage de moyens nouveaux de tuer (dont les drones
qui banalisent la mort à distance et ne distinguent pas les
innocents des supposés criminels).
•
L'augmentation épouvantable des budgets d'armement qui
permettent à des entreprises privées et d'état de faire d'immenses
profits rendant inévitable la multiplication des conflits locaux,
régionaux et internationaux.
•
Le refus obstiné de tirer les enseignements économiques,
agronomiques et politiques du réchauffement climatique,
lequel se produit, s'aggrave et va vite, à présent, bouleverser la
vie des peuples.
•
La lente imprégnation des esprits, les médias aidant, qui aboutit à
l'acceptation comme inévitable de sociétés où triomphent les
riches et où le partage est relégué au rang de valeur
appartenant au passé.
•
L'entêtement historique de savants et de politiques qui persistent à
vouloir maintenir et développer l'industrie nucléaire civile et
militaire en dépit des enseignements (non retenus) des
catastrophes survenues entre 1945 et 2011.
•
La perversion des systèmes politiques se réclamant de la
démocratie et qui ont confisqué, détourné, défiguré,
travesti, (jusqu'à dénaturer, par de subtils modes de scrutin, les
élections elles-mêmes), ce qu'elle recelait d'historique : le
droit des peuples à disposer d'eux-mêmes loin de toute forme de
monocratie.
•
le blocage de tous les acquis culturels de la pensée et de l'art
humains, (un trésor laissé
enfermé dans les bibliothèques et les musées), qui sont
niés, oubliés, ridiculisés, au profit d'une gestion comptable et
économiste des organisations communes, brisant ainsi les espoirs des
humbles.
•
L'absence des débats essentiels relatifs la démographie et au
vieillissement, pesant sur la fin du siècle engagé.
•
La course en avant, appelée croissance, qui laisse entendre
que les limites planétaires n'existent pas et qui conduit à
l'épuisement des ressources ainsi qu'à la saturation des économies
développées.
•
Le maintien d'une conception du travail strictement lié à
l'emploi lequel ne peut plus, pourtant, que reculer, dès lors
que produire plus est possible avec une main d'œuvre de plus en plus
réduite.
•
L'incapacité de penser et donc de distribuer des revenus qui
ne dépendent plus du salaire.
Décrire,
à grands traits, ces causes de la désespérance, mais aussi de la
colère des peuples du monde, fournit aussi la liste des chantiers
sur lesquels les citoyens de toutes les nations, (et plus État par
État), ont à travailler, de toute urgence, sans volonté de pouvoir
sur autrui mais seulement sur la réalité de nos vies.
Il
n'y a du reste pas le choix : entre le renoncement définitif à
tout engagement dans l'ouverture d'une autre « voie »
(qui n'est plus alors qu'attente de la mort) et la participation à
la découverte d'un futur qui sera très éloigné que ce que
contiennent les temps présents (et qui oblige à des ruptures avec
les idéologies d'un passé persistant mais déjà ruiné), il faut
vivre, écrire, parler, prendre les risques de l'erreur et aimer le
vivant dont nous faisons partie.
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N'hésitez pas à poster un commentaire.