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lundi 30 août 2010

À qui la fau...te !

Au bal des faux-culs les ministres valsent avec aisance !

Bernard Kouchner, se souvenant, sans doute, qu'au Kosovo il y avait des Roms, qu'avaient instrumentalisés les Serbes et chassés les Albanais, exprime toute sa sollicitude et laisse dire qu'il a failli démissionner, cet été... Mais non, avec courage, l'indispensable Chef du Quai d'Orsay est resté à son poste d'où, croyez-le, il peut être plus utile à tous les maltraités du monde, y compris ceux que son gouvernement tourmente et tracasse ! Le brave homme !

Hervé Morin, ministre des armées, porte-parole de la France combattante, en lutte contre les monstrueux Talibans, s'émeut, à son tour, du sort des Roms et exprime, avec beaucoup de talent, les réserves que la politique actuelle du gouvernement lui inspire. Le brave homme !

Il est ainsi des hommes politiques qui, avec infiniment plus d'éloquence et de conviction que ceux qui le pensent, disent ce qu'ils ne pensent pas !

Dans Les liaisons dangereuses 1960, Gérard Philippe séduisait Jeanne Moreau, qu'il n'aimait pas, plus aisément que celui qui l'aimait sincèrement. Grande leçon politicienne : il ne s'agit pas de croire mais de faire croire qu'on croit ! Ensuite, il suffit de jouir de ce qu'on a conquis : un morceau de roi, le pouvoir !

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Mais il n'est pas que les ministres "aux affaires" qui font des entrechats ! Certains leaders de l'opposition ne sont pas non plus maladroits ! Ah ! Combien de maires, combien de capitaines, bien installés au gouvernail de leur ville, sont des champions de la lutte anti-Roms, à Sarcelles, Dijon, Cergy-Pontoise, Carrières-sous-Poissy, et en cent lieux, ailleurs ? Ils protestent contre les mauvaises manières du Président qu'ils voudraient voir remplacé par un de leurs amis, mais usent, eux-mêmes, de la pire des manières qui soient : l'exclusion, sans solution de remplacement, et parfois, même, en faisant semblant de le déplorer.



Ce qui est pratique avec les Roms, c'est qu'ils ne disent rien et se soumettent, apparemment ! On veut qu'ils aillent se faire voir ailleurs et... ils y vont. "Pas ces gens-là chez moi" ! Hors de ma vue. Hors de ma ville ! C'est la faute à l'État qui ne fait rien...

Et que dit l'État ? C'est la faute à l'Europe qui n'a rien fait ! On n'aurait pas dû agrandir l'Union à ces incapables qui nous envoie leurs pouilleux ! La Roumanie, la Bulgarie, qu'avons-nous à faire avec ces ex-communistes ? Et l'on voudrait continuer à accueillir d'autres États au club des riches au risque de se ruiner ! Quelle folie ! La Serbie ? Mais il y a des Rroms en Serbie ! La Turquie ? N'en parlons pas : il y a 500 000 Rroms en Turquie dont pas mal de musulmans ! L'Albanie ? La Macédoine ? Et même la Croatie ! Tous les Balkans sont mités par ces poches de Rroms. On veut bien de l'Europe, mais sans Rroms... Objection : partout où il y de l'Europe, il y a des Rroms.

Et que dit l'Europe des 27 ? C'est la faute aux États membres qui ne font pas passer dans les actes les recommandations du Parlement européen ! Et que dit l'autre Europe, celle des 47? C'est la faute aux États membres du Conseil de l'Europe qui sont, à Strasbourg, indignés par le sort des Rroms, mais qui ne peuvent que se contenter de morigéner les gouvernements les plus romaphobes. Bref, mistigri ou patate chaude, les décideurs se repassent les Rroms pour mieux ne pas décider, puisqu'il leur faudrait décider que les Rroms ont droit à la place qu'on ne veut précisément pas leur accorder.


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Eh, toi, le Noir, l'ombre, le perpétuel étranger, l'autre, ôte toi de notre soleil...

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

dimanche 29 août 2010

La république enfin ?

La première République supprima le roi mais pas la monarchie qui irrigue toujours nos institutions. L'empire napoléonien la tua. La seconde République fut, elle aussi, victime d'un coup d'État impérial !

La 3e République est née de la défaite. Elle est morte de même. La 4e République est née à la fin de la guerre 1940-1945. Elle est morte de la guerre d'Algérie. La 5e République est née de la trahison des démocrates devenus impuissants face au colonialisme. Elle a engendrée l'autocratie républicaine dont nous ne sommes pas encore sortis !

Le 4 septembre 1870 fut proclamée la 3e République, la plus longue, celle qui rompit avec les tentations monarchiques ou impériales. 140 ans plus tard, à quelle République restons nous attachés ?

La manifestation qui va s'opposer, le 4 septembre 2010, à la dérive xénophobe de l'État pourra-t-elle dire que nous voulons une République enfin démocratique, c'est-à-dire où "le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple" ne soit plus une formule constitutionnelle sans portée mais une réalité quotidienne ?

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La République songeuse.

Un rappel historique s'impose pour que nous échappions aux erreurs du passé.

Le 4 septembre 1870, les Parisiens proclament la République (c'est la IIIe du nom). En souvenir de ce jour, de nombreuses rues de France porteront le nom du «Quatre Septembre».

C'est après avoir appris la capture de l'empereur Napoléon III par les Prussiens, à Sedan, que les républicains de la capitale ont pris le pouvoir. Ils ont été devancés de quelques heures par leurs homologues de Lyon et Marseille.

Quelques mois plus tôt, le 8 mai 1870, Napoléon III était sorti renforcé d'un plébiscite qui lui avait donné 7 336 000 oui contre 1 560 000 non, en confirmant l'orientation libérale de l'empire ! À Paris, toutefois, à la différence du reste du pays, une majorité républicaine s'était prononcée contre le régime.

La déclaration de guerre à la Prusse, le 19 juillet 1870, allait détruire les illusions de l'empereur. Certains républicains se hasardent à souhaiter qu'une prompte défaite consacre la ruine du régime et hâte l'avènement de la République. C'est ainsi que Le Rappel écrit noir sur blanc : «Le danger le plus sérieux, c'est celui de la victoire. L'Empire fait le mort. Les Prussiens battus, il ressuscitera». Ce journal appartient aux fils de Victor Hugo - lequel est en exil à Jersey -. La défaite de Sedan comble au-delà de toute espérance les vœux de ces drôles de patriotes.


Une République issue de la défaite

Dans la nuit du 3 au 4 septembre, dès l'annonce de la défaite, les députés du Corps législatif se réunissent au Palais-Bourbon. Ils dédaignent de confier la régence à l'impératrice Eugénie, confinée au palais des Tuileries, et s'interrogent sur la conduite à suivre.

Dans le petit groupe républicain, plusieurs députés se préparent à un illustre destin. Parmi eux, Jules Favre, Jules Grévy, Jules Simon et Jules Ferry qui fonderont la «République des Jules». Il y a aussi Adolphe Crémieux et surtout Léon Gambetta, superbe orateur de 32 ans.

Les Parisiens envahissent bientôt le Palais-Bourbon et exigent l'instauration de la République. Les députés craignent d'être débordés par l'insurrection. Jules Favre leur suggère alors de proclamer eux-mêmes la République, à l'Hôtel de ville de Paris, comme aux plus beaux jours de la Révolution de 1789 ou des journées de Février 1848. Deux colonnes de députés et de simples citoyens se rendent donc à l'Hôtel de ville, où elles ont été devancées par un groupe d'agitateurs révolutionnaires, jacobins ou socialistes (Delescluze, Blanqui, Flourens,...).

Pour séduire et rassurer la foule, Jules Ferry a l'idée de constituer un gouvernement composé de députés républicains de Paris. C'est ainsi que Léon Gambetta et Jules Favre proclament la République au milieu d'une liesse générale quelque peu surréaliste en regard de la situation militaire du pays. Beaucoup de Parisiens croient naïvement que la déchéance de l'empereur et que l'avènement de «Marianne» rendront les Prussiens plus accommodants.

Le «gouvernement de la Défense nationale» est placé sous la présidence du gouverneur militaire de la place, le général Louis Trochu, un conservateur timoré, «Breton, catholique et soldat», selon ses propres termes. La situation s'aggrave le 19 septembre avec l'encerclement de Paris par les troupes ennemies. Le 7 octobre, le fougueux Gambetta (32 ans), ministre de l'Intérieur, s'enfuit à son tour de Paris à bord d'un ballon.

Sitôt à Tours, Léon Gambetta organise une armée en vue de secourir la capitale et de mener une «guerre à outrance». Son initiative recueille quelques éphémères succès mais elle inquiète les populations rurales qui rêvent surtout du retour à la paix. Les troupes hâtivement rassemblées par Gambetta sont sans difficulté battues par les Prussiens après la reddition honteuse de l'armée de Bazaine, à Metz.

De leur côté, affamés par un siège impitoyable, les Parisiens tentent dans un effort désespéré une «sortie torrentielle» à Buzenval, le 20 janvier 1871. Elle s'achève par une piteuse retraite.

Dans un ultime effort, Adolphe Thiers (73 ans), vieux député conservateur doté d'un très grand prestige, entreprend une tournée des capitales européennes en vue d'obtenir une intervention militaire en faveur de la France. Il se heurte partout à un refus poli,... au grand soulagement du chancelier Bismarck.

À Saint-Pétersbourg, le tsar Alexandre II accueille avec une secrète jubilation les nouvelles de France, qu'il avait prévues. Il y voit la rançon de son humiliation, dans la guerre de Crimée et des leçons prodiguées par les Français, à son endroit, à propos de la Pologne.

L'armistice est finalement signé par Jules Favre le 28 janvier 1871, pour une durée de quatre semaines. Bismarck veut ainsi donner le temps aux vaincus d'élire une assemblée nationale. Il a besoin, en effet, que le traité de paix définitif soit entériné par une autorité légitime afin de ne pas être, plus tard, contesté.

Dix jours plus tôt, le 18 janvier, les envahisseurs ont proclamé triomphalement l'Empire d'Allemagne dans la Galerie des Glaces de Versailles ! Les représentants des états allemands se réunissent dans la Galerie des Glaces de Versailles et proclament l'Empire allemand, le IIème Reich. Le roi de Prusse, Guillaume, devient le nouvel empereur, sous le nom Guillaume Ier.


La France aspire à la tranquillité

Le 8 février, les élections générales amènent à la nouvelle Assemblée nationale une majorité favorable à la paix. Les ruraux des provinces, peu au fait du siège de Paris et des événements militaires, manifestent massivement leur volonté d'en finir au plus vite avec la guerre en reportant leurs suffrages sur les notables. C'est ainsi que se révèle à l'Assemblée une majorité écrasante de monarchistes.

Pas moins d'un élu sur trois est noble ! Mais ces députés monarchistes sont divisés entre partisans du comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe 1er, du comte de Chambord, petit-fils de Charles X, et de Napoléon III, empereur déchu.

Paris étant entourée de troupes allemandes et trop agitée au goût de l'Assemblée nationale, celle-ci se réunit au Grand Théâtre de Bordeaux avant de se transférer à Versailles. Le gouvernement de Trochu lui remet sa démission et, le 17 février, l'Assemblée désigne Adolphe Thiers comme «chef du gouvernement exécutif de la République française» en attendant de statuer sur la nature du régime futur : monarchie ou république.

La République ne garantit rien. De 1804 à 1871, la France ayant vécu principalement sous des régimes monarchiques plus ou moins autoritaires : (Premier Empire, Restauration, Monarchie de Juillet, Second Empire), le régime républicain et la démocratie n'avaient fonctionné que très peu d'années.

La Commune de Paris trouve sa source dans un élan républicain se référant à la Première République et au gouvernement révolutionnaire de la Commune de Paris (1792), ainsi qu'à l'insurrection populaire de juin 1848 sous la Deuxième République et qui avait été réprimée de façon sanglante par le gouvernement instauré par la Révolution de février 1848.

La Commune de Paris désigne une période insurrectionnelle qui dura deux mois environ, du 18 mars au 28 mai 1871 ("Semaine sanglante" du 21 - 28 mai). Cette insurrection contre le gouvernement issu de l'Assemblée nationale, qui venait d'être élue au suffrage universel, échoua dans le sang.

La IIIe République naquit donc dans la détresse et la confusion... Elle mourra de la même façon, 70 ans plus tard, en 1940.


Afficher l'image en taille réelleLa République contre elle-même, la République infidèle, la République impopulaire, ce n'est pas cela que nous cherchons en elle ! C'est, au contraire, la République qui renonce à toute tentation autocratique, la République qui échappe à l'élitisme pour développer pleinement sa dimension démocratique (c'est-à-dire ce qui permet le partage effectif du pouvoir et non sa confiscation par un clan !), la République égalitaire et fraternelle où la liberté ne soit pas acquise pour les seuls riches ! C'est beaucoup lui demander. Certes ! Mais en-deçà, ce n'est plus la République.


Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

samedi 28 août 2010

Une économie point économe...


Esapce Particulier


Pour le libéralisme économique, il n'y a pas de petites économies. La poste, service public, a été sacrifiée à la déesse croissance et au dieu profit. Pour ces deux divinités consuméristes, adulées par l'occident, il n'y a pas de petites économies, surtout quand elles sont réalisées sur le dos du payeur / consommateur.

La petite vignette ci-dessous, vous le confirmera sans doute.


Quand les PTT nous appartenaient – tiens, au fait, avez vous touché quelques royalties après la vente de notre patrimoine commun, sous forme de déduction d’impôt, par exemple ? – le courrier pouvait être réacheminé gratuitement jusqu’à une autre adresse. Depuis le 1er juillet c’est terminé, il faut ré-affranchir la missive.

Plus fort encore, comme la poste est aussi une papeterie, elle fait l’article pour des enveloppes, mais c’est aussi une banque, une compagnie d’assurance, une agence de voyage, etc.

Bien sûr, dans le cas qui nous intéresse, cela représente des petites sommes, mais c’est un grignotage d’avantages acquis au dépend des plus pauvres sans que nous ayons à donner notre avis. C’est aussi vrai pour EDF, pour Gaz de France, pour la distribution d’eau, cela le sera bientôt pour la SNCF, la RATP et l’école.

C’est particulièrement révélateur de l’esprit de la société dans laquelle nous nous enfonçons, celle de l’économiste Hayek, où tout doit être rentable et générer du profit, où il n’existe que le marché et la libre concurrence, où les plus pauvres, les plus précaires sont rejetés et considérés comme des losers dont la société n’a pas à assumer la malchance d’être nés du mauvais côté de la rue.

Bref, une société où l'Être humain n’est plus qu’une chose, voire une marchandise, reconnue seulement par la valeur de sa capacité de consommation. Et c’est la société vers laquelle le pouvoir actuel nous entraine.

Est-ce vraiment ce que nous voulons ?

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Ne nous laissons pas faire !


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

dimanche 22 août 2010

La France raciste ?

Ce n'est pas nous qui le disons ! Mevlüt Cavusoglu, président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, estime que les mesures prises en France "risquent fort d'attiser les sentiments racistes et xénophobes en Europe". "Certains groupes et gouvernements profitent de la crise financière pour capitaliser sur les peurs engendrées par l'assimilation des Roms à des criminels, en choisissant un bouc émissaire qui représente une cible facile", dit-il , dans un communiqué diffusé vendredi. De quoi se mêle ce Turc qui n'est même pas membre de l'Union européenne ? Eh bien, lui, il fait honneur à l'Europe.

Après La France raciste (Seuil, 1992), les chercheurs de l'équipe dirigée par Michel Wieviorka décrivent et analysent, dans un nouveau livre, cette autre Europe qu'est l'Europe du racisme et de la xénophobie. De leur étude comparative, progressivement, une conclusion se dégage : au-delà des spécificités de chaque pays, il existe une profonde unité européenne des processus et des logiques qui mènent à la haine, à la peur et à l'incapacité croissante à reconnaître et accepter l'altérité. La France n'en est pas indemme et, actuellement, elle se place même en tête de la xénophobie (2) avec, et là c'est une nouveauté, une incitation de l'État lui-même à la romaphobie.

La France racisteRacisme et xénophobie en Europe

Un comité des Nations unies avait déjà pointé, le 12 août, "une recrudescence notable du racisme et de la xénophobie en France", notamment à l'encontre des gens du voyage.

Nous n'avons pas vocation à accueillir en France tous les Roms de Roumanie et de Bulgarie", dit le ministre de l'Intérieur français, dans Le Monde, avant de s'en prendre au "petit milieu politico-médiatique parisien" et aux "milliardaires de gauche" critiquant son action. Discours polémiste, démagogique et populiste, à l'évidence, pour attiser encore les flammes du contre-feu allumé contre toute opposition !

"La France n'a pas de leçon à recevoir" en matière de droit des étrangers, avait auparavant déclaré le ministre de l'Immigration Eric Besson sur France 2.

Parce qu'ils sont citoyens de l'Union européenne, rien n'interdit aux quelque 850 immigrés roumains et bulgares qui se sont engagés (?) à regagner leur pays, d'ici la fin du mois, en bénéficiant d'une aide au "retour humanitaire" de revenir en France pour trois mois. Beaucoup en ont manifesté l'intention à peine rentrés jeudi à Bucarest. Pour réfréner leurs envie de retour, Eric Besson a assuré que le gouvernement allait "adapter la législation pour lutter contre l'abus de droit au court séjour", afin d'empêcher le retour vers la France des Roms expulsés.

Une loi, encore une loi ! La France s'use à légiférer pour tenter de multiplier les obstacles à ce que l'Europe autorise : le droit pour les Européens de vivre ensemble et de circuler librement dans tous les États de l'Union. Mais attention, il s'agit d'une nouvelle réglementation raciste qui se mettrait en place. Éric Besson est un ministre ultra zélé mais fort dangereux. Le laisser agir salit l'image même que notre pays portait depuis fort longtemps : celle du pays des libertés.

Une guerre idéologique est déclarée. Les "milliardaires de gauche" que nous sommes vont subir la critique véhémente de ces défenseurs des intérêts du pays que sont les sarkozistes de toutes obédiences. La guerre idéologique de 2007, au cours de la campagne électorale, avait été perdue sur le terrain économique et social ! Nous pourrions, si nous restions confinés dans des discours alambiqués, tels que ceux qu'en tiennent des élus d'une gauche obsolète, en perdre une nouvelle, sur le terrain des droits humains, en 2012. La France, celle qui n'est pas raciste, est en danger.


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(1) http://www.lepoint.fr/malgre-les-critiques-la-france-accelere-les-mesures-anti-roms-21-08-2010-1227386_19.php

(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/X%C3%A9nophobie

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

vendredi 20 août 2010

On n'achètera pas le départ des Rroms

Les médias étalent l'information relative au prochain renvoi, en Roumanie, de 79 Rroms, puis, d’ici la fin du mois, de 700 autres. De qui se moque-t-on enfin ? Du citoyen, "qu'on prend pour un con", comme le dit Daniel Cohn-Bendit.

En effet, depuis de nombreuses années, des Rroms sont expulsés et renvoyés vers la Roumanie. En 2 009, officiellement, 9 875 sont retournés ainsi dans leur pays d’origine, sans que cela fasse de bruit, sans faire la une d’un journal ou d’une chaîne de télévision. Seulement quelques militants d’associations, au désespoir, et défendant leur cause, en parlaient.

On évalue à 15 000 le nombre des Rroms roumains et bulgares en France et, dans ces conditions, il y a belle lurette qu’ils auraient dû disparaître du territoire français. Mais non ! Leur nombre reste stable.

Le ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire l’a, sans peur du ridicule, affirmé lui-même : « Ils pourront revenir en France, puisque c'est la loi (car ils sont citoyens européens), mais ils ne pourront pas y stationner en situation irrégulière (?) et, a fortiori, recevoir une aide au retour volontaire.»

Ne souris pas, citoyen Français, c’est toi qui paie cette incurie, évaluée à 20 970 € par personne (1), soit la coquette somme d’environ 200 000 000 € pour 9 875 Rroms, en 2 009. Si encore l'effort consenti conduisait à une amélioration sensible du sort de ces Européens abandonnés à eux-mêmes ! Mais il n'en est rien.



Si l'Europe des riches ne se soucie pas de l'Europe des pauvres, il n'y a, tout simplement plus d'Europe. Ce que les nationalistes impénitents, incompétents et violents ne craignent d'ailleurs pas. Ce que l'actuel gouvernement rend possible en bradant l'argent public seulement pour faire partir les Rroms, jugés indésirables, mais sans en avoir ni le droit ni la possibilité à moyen terme, d'y parvenir. Le "nettoyage ethnique" n'appartient pas à la culture française. Il échouera. Pendant ce temps, les Rroms souffrent et les Français du Voyage sont méprisés. Si nous l'acceptions, nous nous renierions nous-mêmes.

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(1) http://www.politique.net/2008120102-une-expulsion-coute-20970-euros.htm

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux


lundi 16 août 2010

Quand et comment sortir de l'impuissance ?

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Les Français s'inquiètent : l'État sarkoziste déraille. Il déraille, mais roule encore, écrasant sur son passage ce sur quoi il veut passer.

Nous sommes spectateurs, protestataires, et rouges de honte. Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Mais que faire pour mettre fin à ces scandales, brutalités et autres vilénies ? Devons nous attendre les élections prochaines ? Devons-nous nous soumettre à ce que nous avons permis en 2007, et boire le calice jusqu'à la lie ?

Le pire n'est pas que nous nous soyons trompés en faisant un mauvais choix politique, le pire est qu'après constat, il n'existe point de réversibilité possible. Nous sommes à ce point formatés à ce que nous prenons pour une obligation démocratique, que nous nous interdisons de faire plus que de critiquer. Les fonctionnaires fonctionnent (comprenez : ils obéissent). Les policiers suivent les ordres qu'ils reçoivent (comprenez : ils les exécutent). Les enseignants forment, informent et déforment selon les directives auxquels ils sont soumis (comprenez : ils conforment et ainsi réforment). Les résistances sont molles. Les changements sont régressifs.

Quand échapper à notre impuissance face à des décisions, des exigences et des actes qui sont autant de blessures au cœur de nos vies ? Tout de suite, sans attendre, entrons en insoumission. Cet été ne peut se terminer sans que nous nous dressions contre des politiques nuisibles et dangereuses, sans perspective et sans idéal.

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Comment, surtout, sortir de cette domination qui, en France, accable ceux qui y vivent ou qui y séjournent, d'autant plus brutalement qu'ils sont des "sans" : sans pouvoir, sans argent, sans toit, sans emploi, sans considération ? Comment ? En nous solidarisant de ceux qu'on pourchasse.

Car soyons précis : il est des pays plus insupportables que le nôtre; nous n'avons pas (encore) perdu le droit à la parole et à la protestation publique. Mais ce qui choque affreusement, en France, c'est l'hiatus entre les institutions, la parole publique et les comportements des dirigeants, qui ne cachent même plus leur connivence avec les maîtres de la fortune. Les dictatures ont au moins cette vérité d'être ce qu'elles sont : des États qui privent les habitants de leur citoyenneté. La démocratie dévoyée devient pire quand elle noie, sous des flux de mots, toute opposition aux politiques qui anesthésient ou brident la volonté populaire.

La France sarkoziste n'a pas encore produit tous ses effets mais quand nous nous rendrons compte du chemin que nous avons parcouru, à contre sens, il sera peut-être trop tard pour changer de direction.

Les innombrables prises de positions critiques de la part de personnalités suffoquées par l'outrance et la grossièreté des préconisations faites par l'occupant principal et les visiteurs attitrés de l'Élysée n'y suffisent plus. Le péril nous submerge. Les intellectuels ont parlé trop tard et les avides qui sont "aux affaires", comme on dit, ne sont guère troublés par les cris horrifiés de ceux des journalistes ou professeurs qui ne sont encore ni couchés ni résignés.



Alors ?

Alors, il faut porter le regard loin devant nous et commencer à vivre comme il sera nécessaire de le faire bientôt, si nous ne voulons pas mourir de désespoir ! Il faut, dit Yves Cochet (1), "dire la vérité et assumer la décroissance", ce qui signifie, à ses yeux, accepter que nous allons changer de monde (si ce n'est déjà fait...). Il ose pour cela parler de la semaine de 28 heures en 4 jours... ou de revenu d'existence élevé, universel, inconditionnel et individuel ! Ou ce type est fou ou, comme on peut le croire, il dit la vérité. ("il doit donc être exécuté" disait la chanson...).

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Alors, il faut débarrasser notre intelligence des références à cet Ubu-Roi, dangereux mais fini. Il ne suffira pas que, comme Jean-François Kahn, on découvre "le voyou" chez Sarkozy. Il ne suffira pas que, comme Daniel Cohn-Bendit, on dénonce "un positionnement pervers" fait de "stupidité et de malveillance", il faut rompre, du plus profond de notre être, avec un système tout entier qui n'est pas seulement capitaliste, qui n'est pas seulement incarné en la personne de l'actuel Président, mais est devenu caricatural et machiavélique par la conception de l'homme qui s'y développe, y circule et l'inspire.

(1) http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/16/quel-projet-pour-europe-ecologie_1399408_3232.html

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

samedi 14 août 2010

Au delà des mots, l’engagement total !


En France, change-t-on de République ou plutôt la République ? L’Europe, fort heureusement, ne se limite pas à la France, toutefois, la France influence l’Europe et des milliers de "Rroms non européens" ( !) sont, par exemple, refoulés vers le Kosovo, qu’ils ont fui, et où ils ne seront pas les bienvenus ! Ce qui se passe, actuellement, en France, donc, intéresse l’Europe tout entière !

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Nous n’avons que les mots comme outils pour l’action, mais nous voici pourtant bien au-delà des mots !

Nous découvrons notre impuissance face à une politique romaphobe dont l’ampleur et la rudesse nous a surpris. On compte par dizaines les expulsions de campements de Rroms partout en France, sans oublier les Français, dits « gens du voyage », qu’on pourchasse aussi s’ils ne stationnent pas exactement là où il est prévu qu’ils s’arrêtent.

La violence des interventions policières commandées par l’État, la brutalité des discours ministériels étonnent et révoltent l’opinion internationale, au sein des organisations officielles, tant au niveau européen qu’au niveau de l’ONU.

Notre stupéfaction n’a d’égale que notre profonde tristesse. Nous sommes également traversés par une vague de colère qui nous meurtris, mais point tant que les « Roms et gens du voyage », qui sont, eux, traités comme des choses ou des délinquants a priori !

Qu’un État, le nôtre, ose jeter des familles à la rue sans aucune considération pour ce qu’elles vont devenir, ne peut qu’avoir une explication : susciter ou réveiller la haine à l’encontre des « nomades » comme l’on disait jadis, pour tenter de déclencher des réflexes sécuritaires pouvant permettre de regagner une confiance perdue, après l’effondrement des sondages de popularité.

En faisant un contre-feu médiatique, on joue avec ce feu ! On risque, comme on l’a vu en Italie, de réanimer le nationalisme le plus fou et et d’aller vers des pogroms meurtriers.

Il est sidérant que les fonctionnaires de police et les administrations préfectorales obéissent, sans la moindre hésitation, à des ordres racistes. Car racisme il y a ! Quand une catégorie de population est désignée à l’opprobre et à la vindicte populaires, que ce soit la nature ou la culture des intéressés qu’on évoque, on sombre, alors, dans le racisme !

La France dont parle Nicolas Sarkozy et ses partisans aux ordres a cessé d’être la France, celle qu’on aime. Les élus qui s’inclinent devant cette discrimination brutale, bien volontiers à l’UMP, ou sournoisement, comme nombre d’élus dits de gauche, qui laissent hurler les loups, ont rompu avec la France des Droits de l’homme.

Les Rroms seraient-ils tous en situation irrégulière, les « gens du voyage » seraient-ils tous répréhensibles, -ce qui n’est bien évidemment pas le cas !-, que la France devrait assumer ses responsabilités vis à vis d’une population mise à part, et ne pouvant y compris pas bénéficier des lois et réglements la concernant, qu’il s’agisse de la loi Besson ou des recommandations nombreuses et claires de l’Union européenne.

La Justice passe après la force. Les premiers à subir les mesures les plus rigoureuses, voire les plus brutales, sont au nombre des plus pauvres des humains, et ceux qui leur manifestent de la solidarité sont, à leur tour, considérés comme des délinquants ! Cela ne saurait durer sans que de vifs conflits se développent !

La mauvaise foi et la malveillance nourrissent, à l’évidence, une politique pernicieuse qui aggrave une situation qui n’était déjà pas positive.

Que faire ? Désobéir, bien sûr ! Ne pas respecter des directives inhumaines. Se rapprocher des familles. Leur dire notre solidarité. Rencontrer nos compatriotes français pour leur exprimer notre reconnaissance du droit à vivre, s’ils le veulent, en habitat mobile. Se porter aux côtés des étrangers, roumains ou bulgares, pour leur réaffirmer que nous acceptons leur présence en France, terre d’Europe.

Nous ne sommes ni laxistes ni naïfs. Nous savons que toute population contient des éléments criminels mais nous savons aussi que les généralisations, au lieu de faire reculer la criminalité, l’exacerbe. La répression, seule, conduit toujours à l’échec.

Une longue lutte pour la dignité s’engage. Le gouvernement actuel en sortira vaincu ou conduira notre pays vers une zone trouble qui est de celles dans lesquelles s’engouffrent et périssent les démocraties. En nous solidarisant étroitement avec les Rroms, nous savons qu’une fois encore ce sont les parias qui nous ouvrent les yeux. Nous resterons lucides et inflexibles. Les Rroms et autres Manouches, quel que soit le nom qu’on leur donne, qu’ils soient Français ou étrangers, sont nos compatriotes européens. Les menacer, c’est nous menacer. Nous ne laisserons pas faire ceux qui salissent la France sans résister.

vendredi 13 août 2010

Délinquance ? Le député UMP, Eric Ciotti, nous donne enfin la clef.

Lors d’un débat sur les ondes de France-Inter, lors de l’émission le « 7/9 » du 10 août 20101, le député des Alpes Maritimes, Éric Ciotti, était confronté au député PS du Finistère Jean-Jacques Urvoas. Chacun d’entre eux est le spécialiste sécurité de son parti politique.

Répondant à Jean-Jacques Urvoas, qui affirmait que la première cause de la délinquance est le chômage et la précarité qui en résulte, Eric Ciotti s’est exprimé dans les termes ci-dessous :

« Bien sûr que l’emploi est une priorité, mais l’emploi, c’est pas pour lutter contre l’insécurité, c’est pour apporter un revenu à des personnes ; le lien social entre la délinquance et l’économie, je le récuse ; des études aux Etats Unis le démontrent, plus il y a de plein emploi, plus il y a de délinquance, …. Plus il y a de croissance, plus il y a de délinquance, car il y a plus de richesse …… »

Si, si, Éric Ciotti représente le peuple français...

Enfin, Éric Ciotti, qui est un proche du président de la République, nous donne une clef pour comprendre la politique sarkozienne !

Inutile de chercher pourquoi le slogan de campagne « travailler plus, pour gagner plus » ne s’est pas réalisé, c’était pour faire baisser la délinquance.

Inutile de chercher pourquoi faire à tous prix travailler les séniors et laisser les jeunes sur le carreau, c’est encore pour faire baisser la délinquance.

Inutile de chercher pourquoi les factures d’électricité, de gaz, des billets de train et du métro, de la taxe d’habitation ont augmenté en août, c’est pour appauvrir les pauvres et faire ainsi baisser la délinquance.

Inutile de chercher pourquoi on supprime le crédit d’impôts sur les intérêts immobiliers, pourquoi on abaisse les allocations aux handicapés et on diminue les aides aux étudiants, c’est toujours pour la même raison.

Mais, vous direz-vous, et le bouclier fiscal, et les petits cadeaux entre amis dans tout cela …? Alors là, si vous vous interrogez ainsi, vous faites preuve d’une mauvaise foi scandaleuse !

Pour faire baisser la délinquance, (pas celle en col blanc, mais la populaire, celle des banlieues,) il faut appauvrir les pauvres et enrichir les riches. Quand allez-vous comprendre ?

C’est pourtant simple, simple comme du Ciotti.

http://www.ouest-france.fr/of-photos/2010/02/10/SIGE_DESSINCHAUNU_apx_470_.jpg


1 Emission disponible sur le site de France Inter. Signalée par Médiapart : http://www.mediapart.fr/club/blog/poj/100810/eric-ciotti-ump-declare-que-lemploi-est-criminogene-sur-france-inter

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux






lundi 9 août 2010

Sécurité : ne nous laissons pas endormir !

http://www.dijonscope.com/files/posts/6333-sabine-scope-14-02-securite-video.jpg

En écho aux intonations d’extrême droite du discours de Grenoble, un sondage de l’IFOP commandé par le Figaro et paru le vendredi 6 août semble prouver que les propositions de lois liberticides du pouvoir sarkozien recueillent l’avis favorable d’une majorité de nos contemporains.

Ce sondage suscite de multiples réactions des commentateurs et la colère de l’ensemble des partis, syndicats et associations attachés aux valeurs républicaines qui dénoncent sa pertinence, parlant de manipulation, voire de populisme.

Il en a éclipsé un autre, paru le même jour dans L'Humanité, réalisé par CSA et qui comprend deux questions comparables aux réponses bien différentes.

Sur son blog Serge Portelli (voir Blog précédent) souligne qu’ « Il n’est pas étonnant que, dans un premier temps, ces mesures, habilement présentées, recueillent l’assentiment d’une majorité de la population. Elles sont minutieusement étudiées pour, dans un premier temps, flatter ce qu’il y a de plus bas, de plus vil, de plus vulgaire en nous tous. Mais il suffit d’un peu de réflexion, d’un peu de temps pour que la raison reprenne ses droits. »

Sur la question de la vidéosurveillance qui recueille 67 % d’opinion favorable, essayons d’apporter des éléments complémentaires à la réflexion pour que la raison reprenne ces droits.

Sondage du Figaro :

L'adhésion à différentes mesures de lutte contre l'insécurité

La mise en place de 60 000 caméras de vidéosurveillance d'ici à 2012


TOTAL FAVORABLE

Très favorable

Plutôt favorable

TOTAL OPPOSE

Plutôt opposé

Très opposé *

67

33

34

33

22

11

* Il est curieux de noter que ce panel de personnes sondées ne comporte pas d’indécis.

En 2008, un sondage, réalisé à la demande de la CNIL, avait donné une valeur légèrement supérieure (71 %), néanmoins à la seconde question : « Et de façon générale, diriez-vous qu’actuellement en France il y a trop, suffisamment ou pas assez de caméras de vidéosurveillance dans les lieux publics ? »

48 % des sondés affirmaient qu’il y en avait suffisamment, 43 % pas assez et 9 % étaient dans l’indécision.

Ces réponses montrent qu’une importante proportion de la population aspire à vivre en sécurité, comme c’est légitime, mais pas au prix d’une surveillance généralisée.

Qu’en serait il aujourd’hui de ce pourcentage si les questions n’avaient pas été manipulées ?

Par ailleurs, dans un précédent blog, le 21 mai, nous avions dénoncé l’utilisation de la novlangue, chère à Georges Orwell, pour faire passer la pilule de la mise en place de la vidéosurveillance par les municipalités de droite, comme de gauche.

Nous avions insisté sur le caractère onéreux et inefficace des systèmes et sur leur aspect attentatoire aux droits fondamentaux.

Maintenant, pour apporter un nouvel éclairage au débat, posons-nous d’autres questions :

La vidéosurveillance serait-elle seulement destinée à masquer la baisse continue des effectifs de police ?

Un rapport rédigé début 2010 par Alain Bauer et Christophe Soullez souligne l’insuffisance des effectifs de police et de gendarmerie sur le terrain.

Dans le même temps, une projection du ministère de l’Intérieur remarque que les effectifs de la police et de la gendarmerie diminueraient d'ici à 2014 et que pour pallier à cette réduction, il sera fait appel aux polices municipales, à des sociétés de sécurité privée ainsi qu’à l’installation de caméras de vidéosurveillance, comme au Royaume-Uni.

Comme pour l’ensemble du service public, l’Etat se désengage financièrement et abandonne, en ce qui concerne la sureté de nos concitoyens, une partie de ses pouvoirs régaliens vers les collectivités territoriales.

Les coûts de ces transferts financiers seront supportés par les municipalités qui ne pourront assurer leurs charges de solidarité qu’au prix d’une augmentation importante des impôts locaux. Le réveil risque d’être difficile dans certaines municipalités.

La vidéosurveillance servirait-elle à muscler le PNB national en gagnant quelques points de croissance, et, par conséquent, à créer du profit pour quelques alliés gravitant autour du pouvoir ?

La question n’est aussi déplacée et politiquement incorrecte qu’il ne le parait.

Le marché de la sécurité, tous secteurs confondus, est en progression en moyenne de 10 % chaque année (473 M€ en 2000, 750 M€ en 2006) et un lobbying est présent en France sur le seul secteur de la vidéosurveillance.

Une association, l’AN2V (Association Nationale des Villes Vidéosurveillées) (1) et une publication Vidéosurveillance Info (2), fortes du soutien de nombreuses sociétés du secteur et de villes importantes forment un puissant groupe de pression auprès du gouvernement et des municipalités.

Dans la communication de son association D. Legrand, président fondateur de l’AN2V se fait le chantre d’une ville entièrement quadrillée de caméras, qui, selon lui, régleraient tous les menus problèmes du quotidien : « encombrements, pannes », « un sens interdit qui est tombé, une branche de platane qui a heurtée un enfant, une poubelle renversée qui a fait chuter un motard… ». « La vidéosurveillance est capable de “voir” au premier coup d’œil que cette branche allait tomber »

et de confirmer les objectifs de son association (professionnelle) :

Sur les 10 prochaines années, les travaux vont être de trouver les usages de gestion de la ville y compris les problèmes et les enjeux de sécurité et ce qui peut être utile dans la rue pour faciliter la vie du citoyen.”

Ces froids calculs financiers ne sont étayés par aucune éthique, tous ces propos sont assénés dans le plus grand cynisme, sans arrière pensée ni aucune réflexion sur les atteintes aux droits fondamentaux, seulement, le profit, le profit et encore le profit.

Peut-être peut-on s’attendre à entendre prochainement, dans les conseils municipaux, des élus décrétant que « la gestion de la voirie est la première des libertés ? ».

Voilà vous avez tous les paramètres pour vous forger une idée de la pertinence de la vidéosurveillance ; enfin pas tout à fait, il en manque encore un : « celui, pour les élus, de satisfaire le besoin de sécurité de leurs concitoyens dans un but électoraliste ? »

Le manque de courage politique de nos élus est trop souvent manifeste, mais nous laisserons ce point en suspens à votre réflexion.



1 - http://www.an2v.org/index/index.asp

2 - http://www.videosurveillance-infos.com/

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux