En réponse aux problèmes sociaux et sociétaux que connaît la Guadeloupe, (Gwadloup en créole), neuf intellectuels antillais ont écrit un Manifeste pour les "produits" de haute nécessité (1). Jacques Bino, le syndicaliste assassiné, a soudé autour de lui, lors de ses obsèques, une population plus que jamais déterminée. La mobilisation populaire, animée par le LKP, (la plus importante jamais vue en Guadeloupe) et la prise de conscience qu'a exprimée le Manifeste nous amènent aux réflexions suivantes.
Pensez que le capitalisme se régénèrera est irréaliste. S’il n’est pas encore mort, il est moribond; il bouge encore, mais plus pour longtemps; que ses thuriféraires le veuillent ou non, le capitalisme est agonisant... D’aucuns pensent qu’il s’agit d’une simple phase d’adaptation, quelle imposture ! Il est plus que temps d’inventer une nouvelle façon de vivre ensemble.
Les gains frénétiques de production ont eu raison du capitalisme de production, et l’appât du gain immédiat, la chrématistique aristotélicienne ont amené les affamés du fric au capitalisme financier. L’argent est la seule marchandise que le capitalisme produit au détriment de l’investissement productif. Une industrie financière s’est constituée avec pour but de faire de l’argent en n’achetant et ne vendant rien que de l’argent. La bourse capitalise la croissance future, les profits futurs des entreprises, la hausse future du prix de l’immobilier, etc.
Dans cette fuite en avant imbécile, on a poussé les populations à s’endetter, à consommer leurs revenus futurs. Surendettés comme les particuliers, les États ont fini par abandonner leurs pouvoirs économiques aux puissances financières, devenues folles.
Les droits fondamentaux sont, à présent, minés par le dogme de la croissance qui renforce et accroît les différences entre riches et pauvres et creuse les inégalités.
Le capitalisme n’offre aucune perspective d’avenir, aucun espoir, sinon celui de consommer toujours plus, laissant alors l’individu toujours insatisfait et névrosé dans l’attente d’un bien-être en recul permanent. C’est l’inéluctable fuite en avant sans espoir de pause et cette fuite en avant est la deuxième impasse du capitalisme. Plus de croissance pour plus de capitalisme; son seul oxygène, c’est la croissance. Mais trop d'oxygène asphyxie aussi, brûle et tue à coup sûr....
Nous avons vécu sur le bradage du capital de la planète, sur les matières fossiles, et pas sur les revenus de ce capital qui sont eux, renouvelables. Notre mode de vie est donc incompatible avec nos possibilités environnementales à supporter toutes nos émissions polluantes. La planète ne peut supporter que tous les Terriens aient le niveau de vie des occidentaux.
Faudra-t-il éliminer la moitié de l’humanité pour que l’autre survive dans la démesure ?
Non, il faut inventer un nouveau rapport au monde qui ne mette plus en péril l’avenir de l’humanité. On ne devient pas un être humain responsable au travers de la seule recherche de biens matériels, du bling-bling, mais à travers le lien social, l’échange, la parole, la confrontation pacifique à l’autre.
Il faut, peut-être, envisager une décroissance, qui ne serait ni la récession ni le retour aux diligences, mais l'entrée dans un autre mode de vie plus modeste et plus juste qui suppose d’autres rapports sociaux.
"De toute manière, la sortie du capitalisme aura lieu, de façon civilisée ou barbare. La question porte seulement sur la forme que cette sortie prendra".(2) Nous voulons croire que la meilleure serait celle vers laquelle nous nous dirigerions nous-mêmes.
(1) http://http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=8399
(2) André Gorz, Ecologica, éditions Galilée, 2008.
Texte intégral à retrouver dans : http://decroissance.ch/index.php/Andr%C3%A9_Gorz
« La décroissance est donc un impératif de survie. Mais elle suppose une autre économie, un autre style de vie, une autre civilisation, d'autres rapports sociaux. En leur absence, l'effondrement ne pourrait être évité qu'à force de restrictions, rationnements, allocations autoritaires de ressources caractéristiques d'une économie de guerre. La sortie du capitalisme aura donc lieu d'une façon ou d'une autre, civilisée ou barbare. »
LKP
Pensez que le capitalisme se régénèrera est irréaliste. S’il n’est pas encore mort, il est moribond; il bouge encore, mais plus pour longtemps; que ses thuriféraires le veuillent ou non, le capitalisme est agonisant... D’aucuns pensent qu’il s’agit d’une simple phase d’adaptation, quelle imposture ! Il est plus que temps d’inventer une nouvelle façon de vivre ensemble.
Les gains frénétiques de production ont eu raison du capitalisme de production, et l’appât du gain immédiat, la chrématistique aristotélicienne ont amené les affamés du fric au capitalisme financier. L’argent est la seule marchandise que le capitalisme produit au détriment de l’investissement productif. Une industrie financière s’est constituée avec pour but de faire de l’argent en n’achetant et ne vendant rien que de l’argent. La bourse capitalise la croissance future, les profits futurs des entreprises, la hausse future du prix de l’immobilier, etc.
Dans cette fuite en avant imbécile, on a poussé les populations à s’endetter, à consommer leurs revenus futurs. Surendettés comme les particuliers, les États ont fini par abandonner leurs pouvoirs économiques aux puissances financières, devenues folles.
Les droits fondamentaux sont, à présent, minés par le dogme de la croissance qui renforce et accroît les différences entre riches et pauvres et creuse les inégalités.
Le capitalisme n’offre aucune perspective d’avenir, aucun espoir, sinon celui de consommer toujours plus, laissant alors l’individu toujours insatisfait et névrosé dans l’attente d’un bien-être en recul permanent. C’est l’inéluctable fuite en avant sans espoir de pause et cette fuite en avant est la deuxième impasse du capitalisme. Plus de croissance pour plus de capitalisme; son seul oxygène, c’est la croissance. Mais trop d'oxygène asphyxie aussi, brûle et tue à coup sûr....
Nous avons vécu sur le bradage du capital de la planète, sur les matières fossiles, et pas sur les revenus de ce capital qui sont eux, renouvelables. Notre mode de vie est donc incompatible avec nos possibilités environnementales à supporter toutes nos émissions polluantes. La planète ne peut supporter que tous les Terriens aient le niveau de vie des occidentaux.
Faudra-t-il éliminer la moitié de l’humanité pour que l’autre survive dans la démesure ?
Non, il faut inventer un nouveau rapport au monde qui ne mette plus en péril l’avenir de l’humanité. On ne devient pas un être humain responsable au travers de la seule recherche de biens matériels, du bling-bling, mais à travers le lien social, l’échange, la parole, la confrontation pacifique à l’autre.
Il faut, peut-être, envisager une décroissance, qui ne serait ni la récession ni le retour aux diligences, mais l'entrée dans un autre mode de vie plus modeste et plus juste qui suppose d’autres rapports sociaux.
"De toute manière, la sortie du capitalisme aura lieu, de façon civilisée ou barbare. La question porte seulement sur la forme que cette sortie prendra".(2) Nous voulons croire que la meilleure serait celle vers laquelle nous nous dirigerions nous-mêmes.
(1) http://http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=8399
(2) André Gorz, Ecologica, éditions Galilée, 2008.
Texte intégral à retrouver dans : http://decroissance.ch/index.php/Andr%C3%A9_Gorz
« La décroissance est donc un impératif de survie. Mais elle suppose une autre économie, un autre style de vie, une autre civilisation, d'autres rapports sociaux. En leur absence, l'effondrement ne pourrait être évité qu'à force de restrictions, rationnements, allocations autoritaires de ressources caractéristiques d'une économie de guerre. La sortie du capitalisme aura donc lieu d'une façon ou d'une autre, civilisée ou barbare. »
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux
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