Aujourd'hui, 11 novembre nous commémorons l'armistice qui mit fin à la première boucherie mondiale.
C'était un acte de paix, qui malheureusement déboucha 20 ans plus tard sur un second conflit mondial encore plus sanglant.
A l’issue de ce deuxième conflit mondial, de nombreuses bonnes volontés se sont rassemblées pour essayer d'imaginer le moyen d'éviter ces conflits absurdes afin de vivre enfin en paix.
Pourtant, en évitant l'excès de pessimisme, elle semble s'éloigner tous les jours car l'actualité est porteuse de bruits de conflits généralisés.
J'ajouterais même d'une brûlante actualité.
Les hommes m'ont pas entendu les leçons des guerres sanglantes et barbares du 20ème siècle et au delà la nécessité de s'écouter et s'entendre pour vivre ensemble.
Peut on trouver, aujourd'hui, un pays, un lieu où le calme règne ?
Non !
Où que l'on se tourne, ce n'est que conflits : idéologique, religieux, social, économique, écologique, entre femmes et hommes et j'en oublie.
Tout devient source de sujets pour s'étriper.
Même les pays que l'on dit ou que l'on croit « démocratiques » sont frappés de la même folie.
Les électeurs se donnent des malades mentaux pour chefs d'Etat, au point que l'on peut s'interroger sur la santé mentale de ces mêmes électeurs.
Edgar Morin, sage parmi les sages, affirme « nous avançons comme des somnambules vers la catastrophe. » Il ne parle pas seulement du dérèglement climatique lorsqu'il affirme cela mais de l'ensemble des dérèglements de l'humanité, et il ajoute « il n'y a pas de pensée capable d'affronter les problèmes fondamentaux de notre planète. »
Même lui qui se force à l'optimisme, commence à sombrer dans la désespérance.
La Ligue des Droits de l'Homme travaille depuis 1898 à l'instauration d'une Paix durable et ces membres se désespèrent que malgré tous leurs efforts, malgré les actions de brillants intellectuels qu'elle a compté dans ses rangs et des sacrifices des camarades qui ont payé de leur vie durant les conflits du 20ème siècle, la société des Hommes régresse.
Nous pensions que dans nos Etats démocratiques la promotion des Droits de l'Homme était irréversible et l’Etat de droit solide.
Même à l'intérieur de notre pays, des voix s'élèvent pour remettre en cause ce postulat.
Un récent sondage révèle que les droits humains sont considérés, surtout chez les jeunes, comme une source d'abus donnant une protection à ceux qui ne le méritent pas et qu'ils favorisent une immigration non souhaitée. Près d'un quart de nos contemporains voudraient échanger la démocratie contre un pouvoir autoritaire.
Il est patent que le système économique mondialisé a une responsabilité fondamentale dans les problèmes que nous rencontrons aujourd'hui et que les actions d'élus irresponsables conduisent à la mort de la démocratie, peut être même à l'extinction de l'humanité.
« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels et les banquiers. »
Cet aphorisme d'Anatole France écrit après la Guerre de 1914/1918, est toujours malheureusement d'actualité.
Tous les gouvernants mondiaux font prévaloir la supériorité et la liberté du marché sur les libertés civiles. Champions du crédo de la croissance, ils creusent de façon abyssale le fossé des injustices sociales et tournent le dos aux principes de dignité et de solidarité.
Ils restreignent les droits au prétexte de la sécurité.
Ils détruisent la planète.
Tous les signaux indiquent que nous sommes au bord du précipice.
Comment et quand allons-nous tomber ?
Nous n'en savons rien, mais la chute semble chaque jour de plus en plus inéluctable.
Nous ne devons pas baisser les bras et continuer avec opiniâtreté à résister et à combattre.
Nous le devons à notre histoire, mais aussi et surtout à nos enfants.
Jean-Claude Vitran