dimanche 19 juillet 2015

2005-2015 : d'un référendum à l'autre ou 10 ans pour comprendre.


Nous ne l'avons pas voulue. Nous l'avons eue. L'Europe capitaliste, « coulée dans le marbre » de la constitution d'inspiration giscardienne, rejetée en France, après de longs débats, puis en Irlande et aux Pays Bas, a fini par être adoptée par des biais parlementaires reprenant, à peu près, ce que le référendum avait nettement rejeté. La trahison de Sarkozy et de sa majorité, mais aussi - déjà ! - de « socialistes », à peine masquée dans les brumes du « Traité de Lisbonne », a structuré une organisation de l'Union européenne des plus libérales, sous la coupe des États-puissance ou se croyant tels.

Nous payons, aujourd'hui, le prix de cet alignement et de ce refus de la prise en considération de votes émis dans des conditions indiscutablement démocratiques, c'est-à-dire respectueuses de toutes les formes garantissant l'honnêteté et la clarté des résultats.

Voici dix ans, comme à présent, un vote n'était licite, pour les maîtres de l'économie et de la finance, qu'à la condition de suivre les lois des marchés et des banques.

En 2008, nous avons vu ce que veut dire « lois du marché » : les banquiers n'ont jamais tort. Ils ont partie liée avec les dirigeants d'États prêts à tout leur accorder, y compris le renflouement de leurs immenses dettes.

En 2015, aura explosé le scandale et aura été révélé ce que veut dire « Europe à plusieurs vitesses » : il y a les États qui prospèrent et ceux qui paient.

La rébellion grecque et son referendum net et sans ambiguïté n'ont pas été acceptés par les créanciers d'un pays libre. L'Europe des marchés a refusé qu'un gouvernement de gauche exécute la politique pour laquelle il avait été élu.

Nous en sommes là.

De l'Écosse à la Catalogne, le peuple européen gronde mais il est privé des moyens de se faire entendre.

Le 9 juillet 2015, à Santa Cruz, en Bolivie, le Pape François, qui n'est ni notre maître à penser, ni notre inspirateur, mais qui est l'une des personnalités les mieux informées de la planète, a osé affirmer, déclenchant, alors, les protestations des puissants, que, « quand le capital dirige les choix des êtres humains et que l'avidité pour l'argent régit les systèmes socioéconomiques", l'homme et la nature sont condamnés ».

Karl Marx n'aurait pas mieux dit.

L'avertissement est, en effet, à la hauteur de la menace. Cette nouvelle pensée écologique et anticapitaliste ne s'exprime pas qu'au sein de l'Église catholique ! Nombre d'auteurs, - font - enfin - , la même analyse. L'année 2015 aura marqué un tournant dans l'histoire politique de ce siècle. Le lien entre les perturbations climatiques et les activités humaines déployées dans une logique insensée de croissance illimitée est établi. Un changement des structures économiques s'impose. Il y va de l'avenir de l'humanité.

La prise de conscience des citoyens d'Europe s'enfle. On ne fait pas le bonheur des peuples contre eux-mêmes. On ne peut, dès lors, exclure que des colères se manifestent.

La Grêce, où sont nés les concepts d'Europe et de démocratie, a été humiliée - et avec elle tous les démocrates d'Europe. Elle a subi, de la part de ses créanciers, un coup d'État financier dont les retentissements se répercuteront sur tout le micro-continent, et durant longtemps.

Il faut, à présent, choisir : ou laisser l'Europe des riches, actuellement dominante, poursuivre son action prédatrice ou s'appuyer sur cette expérience dont nous avons été les témoins, qui a été aussi instructive que douloureuse pour donner des contenus planétaires à la solidarité.

Avons-nous, du reste, le choix ?


Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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